Christophe-Ange Papini

14 ans pour lire un livre, voilà donc une sorte de record !

Comme quoi j'ai une bonne mémoire, et je me suis toujours souvenu de ce livre, dont le contenu m'interrogeait mais que je trouvais bien trop cher pour ce que je supposais de sa qualité. Et voila, comme quoi la patience paye, il m'est revenu gratuitement entre les mains 14 ans après.

Or donc ?

Donc d'abord j'avais raison, littérairement, on ne va pas se mentir c'est une catastrophe, c'est à peine lisible, c'est au-delà du mauvais, une rédaction d'un élève de seconde sur sa chanteuse préférée (et en écrivant ces mots toutes mes pensées vont aux courageux profs de français dont les yeux doivent pleurer de sang régulièrement en lisant toutes ces proses hasardeuses…). 15 ans après on sait que l'auteur n'a rien publié d'autre et qu'il travaille aujourd'hui dans une CPAM du val d'Oise (LinkedIn dixit) donc bon, difficile de dire qu'on est surpris.

Oui mais.

Oui mais le sujet et le traitement touchent quand même, malgré et au travers de cette fragilité. Disons pour être plus précis que ce témoignage est tellement brut et sincère qu'il ne peut laisser totalement indifférent. Donc oui il y a des adolescents qui bloquent sur une personnalité pendant deux ans et remplissent leur vie vide de vide occupé, de cette absence, de cette attente, métaphore parfaite d'une certaine adolescence, l'auteur dit que c'est en attendant à l'extérieur de chez lui, en s'intégrant à un groupe, qu'il a finit par se construire. La majorité font ça dans un club de sport lui il l'a fait sur un banc en attendant une chanteuse pop. Au fond qu'est ce que ça change ? Et y a-t-il quelque chose à comprendre ? Non probablement pas. Et en n'expliquant rien l'auteur, au fond, dit beaucoup. Il y a donc une sorte de mise en abime du vide de style pour raconter du vide de vie, du vide d'un passage. Alors oui c'est agaçant, ça chouine, ça couine, ça s'emballe pour rien, ça raconte n'importe quoi : c'est l'adolescence pure et sans le faire exprès l'auteur en a probablement saisi l'essence. Alors au final tout est fragile / attachant dans ce texte et on espère même que l'auteur va bien aujourd'hui… Probablement père de famille (on lui souhaite) en tout cas largement adulte qu'est il devenu et que dirait-il aujourd'hui de ce texte ? On est, au fond, à deux doigts d'attendre la suite…



Ps plus prosaïquement, c'est aussi une bonne madeleine de Proust pour les adolescents de cette époque : oui on écrivait des blogs, on s'écrivait sur msn et on allait trainer au Virgin pour des show cases… Bref, toute une époque qui semble déjà de la lointaine antiquité...