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Citation de enkidu_


J’ai déjà eu l’occasion, dans un chapitre précédent, d’évoquer longuement la doctrine du salut universel chez Ibn Arabî et ses fondements scripturaires. Nombreux sont les écrits où ils examine cette question, décisive à ses yeux, et si tous convergent vers l’affirmation d’une certaine forme de félicité, à plus ou moins long terme, pour tous les hommes sans exception – l’idée essentielle commune à tous ces textes étant que la miséricorde de Dieu l’emportera, en définitive, sur Sa juste colère –, l’argumentation qui les sous-tend n’est rien moins que répétitive. Chacun d’eux envisage en effet ce triomphe final de la rahma, la « miséricorde divine », selon une perspective différente et qui, toujours, se déploie à la lumière de tel verset ou, comme c’est le cas ici, de tel hadîth et dans la méditation desquels Ibn Arabî puise cette certitude que « Dieu fera miséricorde à tous » (...) Ibn Arabî le dit à maintes reprises et le répète encore dans ce passage, la « Communauté » du Prophète c’est, d’un certain point de vue, l’humanité toute entière, dans la mesure où le Prophète a été envoyé vers « tous les hommes », conformément à ce que proclame la Révélation ; il a exercé son mandat de manière invisible dans un premier temps, par l’intermédiaire des prophètes qui l’ont précédé et qui étaient des « substituts » (nuwwâb), et de manière manifeste ensuite, à partir du moment où il fut suscité parmi les hommes. Ainsi, « la umma de Muhammad s’étend depuis Adam jusqu’au dernier homme qui sera ; tous sont inclus, de ce point de vue, dans le Communauté de Muhammad. Tous obtiendront donc la bénédiction des ahl al-bayt et tous seront heureux ».

Celui qui aime Dieu en toute sincérité, affirme Ibn Arabî dans le long chapitre des Futûhât consacré à l’amour, celui-là est maqtûl, « tué », anéanti. Ainsi en va-t-il des saints muhammadiens, ceux qui appartiennent de plein droit à la « Maison prophétique » et marchent dans les pas de l’Envoyé. « Purs serviteurs », ils se sont départis, par amour pour Dieu, et de leur ego et de toute chose jusqu’à devenir « sans nom et sans qualité ». Une mort volontaire offerte en holocauste au « Seigneur des mondes » et en échange de laquelle ces « âmes simples et anéanties » ne réclament rien, mais en vertu de laquelle Dieu s’engage à leur verser le « prix du sang » (al-diya) : la promesse qu’en récompense de leur exemplaire sainteté nul n’encourra éternellement la colère divine. (pp. 159-160)
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