Clément Vautel

"Mon curé chez les riches" est une pièce de théâtre, écrite à quatre mains par André de Lorde et Pierre Chaine d'après le roman célèbre de Clément Vautel.

Elle a été représentée, le 4 mai 1925, pour la première fois, à Paris, sur la scène du théâtre Sarah Bernardt.

Elle y a tenu l'affiche pendant deux ans avant d'être longuement promenée en France, et même à l'étranger.

La pièce est classique, rien n'y étonne, ni ne surprend.

Et curieusement, cette impression de familiarité rend ce morceau de scène plus attachant encore.

Les deux auteurs sont de redoutables dramaturges.

André de Lorde, surnommé "le prince de la terreur" pour avoir été l'un des inventeurs du drame d'épouvante sur la scène du "Grand-Guignol", n'en dédaigne pas pour autant la comédie.

Pierre Chaine, à l'occasion, aspire aussi à y tremper sa plume.

"Il est passé maître de châtier les moeurs en riant".

Le roman de Clément Vautel est ici habilement exploité ...

Un curé se jette dans une série de péripéties pour faire le bonheur d'une jeune fille qui est amoureuse d'un jeune homme dont il a été, durant la guerre, le frère d'armes dans les tranchées.

L'on fait, ici, connaissance avec l'abbé Pellegrin, un brave homme, un curé de campagne savoureux.

On le retrouvera, sur la même scène, en 1930, dans "Mon curé chez les pauvres".

Pour l'heure, Mr le curé a reçu une invitation de Mr et Mme Cousinet et leur nièce Geneviève, les nouveaux châtelains, à prendre le thé au château.

L'ancien, pierre de Sableuse, n'en avait hérité que criblé de dettes avant de le revendre.

Il avait fait avant, avec l'abbé Pellegrin, toute la campagne sur le front, lui, le jeune noble comme chef de section, et le vieil ecclésiastique comme brancardier.

La guerre a relâché les moeurs et bouleversé l'échelle sociale.

Le gros Cousinet est un profiteur !

Et la nouvelle châtelaine a l'air d'une poule ! ...

Le roman a, après la pièce, été transposé à plusieurs reprises, sur le grand écran.

D'abord en 1932 par Donatien, puis par Jean Boyer en 1938 et enfin, en 1952, par Henri Diamant-Berger.

Et chaque fois, un humour teinté d'ironie et de tendresse, a assuré un franc succès à "Mon curé chez chez les riches".

Qu'importe le flacon pourvu qu'on y mette du talent ...

Une découverte absolument extraordinaire. Une époque où l'on pouvait être "cash" et dénoncer la corruption. Epoque bien révolue aujourd'hui que tout le monde semble soit indifférent aux corrompus, soit admiratif de leur "réussite". Le livre est pessimiste, mais dans une mesure encore supportable. Tandis que la suite, Mon Curé chez les pauvres, que je viens de finir, est encore plus monumentale dans l'analyse psychologique et sociologique brutale, mais totalement désespérant et sans aucune trace d'humour. J'ai refermé les deux totalement hébété, comme si j'avais été assommé chaque fois par un coup de massue: "Eh bé! La vache." Bref, une lecture choc.



En un sens, ça n'a pas pris une ride, et c'est sans doute pourquoi on doit certainement avoir les plus grandes peines à se le procurer. Mais ça mérite lecture, je vous assure.