Clotilde Silvestre de Sacy

Une méthode de lecture très intéressante.

La démarche s’appuie sur la mémorisation de gestes (Borel-Maisonny) associés à chaque phonème. Ainsi lorsqu’on travaille le repérage de sons dans un mot, quand on veut dicter un mot, les gestes associés aident les élèves à bien percevoir les sons qui le constitue et leur ordre dans le mot.

Je l’ai mis en place dans ma classe il y a plusieurs années et j’en trouve en effet le bénéfice pour les élèves qui rencontrent des difficultés dans l’apprentissage de la lecture. Instinctivement, ils s’appuient sur ces gestes pour encoder un mot (dictée).

Trois remarques :

Il est bien évident que tous les enfants n’en ont pas forcément besoin, mais ce n’est pas une surcharge dans les apprentissages. Je l’introduis avec toute la classe, l’indique sur la fiche de son à relire à la maison, mais ne les évalue jamais la-dessus. Au fur et à mesure que l’on avance dans l’année, ceux qui n’en ressentent pas ou plus le besoin s’en détachent d’eux-mêmes. C’est vraiment perçu pour eux comme un outil intermédiaire qui ne leur ai pas imposé, mais qu’ils sont libres d’utiliser. C’est vraiment utile, surtout au début de l’année, pour aider ceux qui ont plus de mal à comprendre les mécanismes de la combinatoire.

Il faut bien entendu que l’enseignant connaisse lui-même ces gestes, mais on les apprend très vite, en même temps que les élèves la première fois.

Il y a une progression des sons proposée dans le livre, mais je ne l’ai pas suivi pour le moment, j’ai gardé celle que j’avais déjà. Cela n’empêche nullement de suivre la méthode des gestes.

Un outil vraiment pratique en CP.

A l'encontre de toutes les pratiques pédagogistes déjà en vogue dans les années 70, ma vieille marraine institutrice m'apprit à lire avec ce manuel. La lutte lui semblait déterminante entre les tenants de la méthode globale (aller du tout au particulier, forcément proche de l'idée d'un enfant-tout-puissant qui détiendrait déjà en lui toutes les clés du savoir) et ceux de la méthode gestuelle, d'inspiration plus droitière et en vogue chez les cathos de Belgique. C'est que la philosophie allait loin : le Verbe s'est fait Chair, vous aurait-on dit, et c'est par l'incarnation et le geste (à autrui) qu'on apprenait à lire ce qui dépendait, de manière plus ou moins directe, de la Parole de Dieu.