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Citation de Charybde2


Le quotidien, la conversation, la pensée, la politique, les désirs humains étaient à ce point restés mouillés par le fun des hydrocarbures, le beat du global village, que dans les pays les plus gâtés, les plus douillets, États-Unis en tête, la pénurie eut des allures d’atteinte à la démocratie, de putsch des choses contre les hommes. Contraints de parler leur langue et de demeurer sur leur terre natale, la plupart s’estimaient assignés à résidence ; la mise en veilleuse des moteurs fut une arrestation générale, l’extinction des lumières la nuit, une veillée funèbre.
On aurait bien aimé pouvoir dénoncer les groupuscules fascistes, les ligues de vertu fanatiques qui se seraient emparées de l’appareil dirigeant, des médias, de l’économie, de l’Université et des milieux artistiques, imposant leur censure, leur tristesse, leur calendrier révolutionnaire nauséabond, leurs célébrations, leurs joies frelatées et statiques, leur morale moisie du retour à la terre. (…)
Mais cette fois, le coup d’État était perpétré par la terre mère accouchant de ses limites. Affolant les marchés, Black February avait été le catalyseur de toutes les raretés. Toujours moins d’énergies fossiles, d’eau pure et de métaux pour s’amuser et progresser. La panique, l’explosion des prix, la paralysie des véhicules imposèrent la pax rustica aux pays industrialisés, une paix qui faisait la joie des esthètes réactionnaires, des philanthropes avant-gardistes, des Cassandre de tous bords, d’écologistes pleins de rancœur, de tout ce qui vivait de symboles néotestamentaires et de rhétorique moralisatrice. Mais les foules démocratiques, hystériques, obsessionnelles, surinformées et velléitaires, tripes et sexes confits de vitesse, de plaisirs cosmopolites et de publicités, n’en finissaient pas de ressasser la fin de la récréation.
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