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Citation de Villoteau


La bataille de Charleroi n'est ni Verdun, ni la Somme. Elle est comme effacée de la mémoire par la longue guerre des tranchées qui l'a suivie. Elle n'est pas non plus la Marne, qui lui ressemble tant : chaleur d'été, pantalons garance et casques à pointe, guerre de mouvement et milliers de morts en quelques jours. La Marne est une victoire quand Charleroi est une défaite. La Marne sauve Paris quand Charleroi est perdue dans la lointaine Belgique. Comme un nouveau Sedan, elle ouvre la voie à l'invasion allemande et scelle définitivement l'issue de la bataille des frontières, où Allemands et Français s'affrontent, pour la première fois de la guerre, de l'Alsace aux Ardennes. C'est pourtant là que l'histoire de la violence guerrière du XXe siècle commence ce vendredi 21 août 1914. Par le hasard de la rencontre et la faiblesse des renseignements, la IIe armée allemande commandée par le Generaloberst von Bülow, accroche la 5e armée française du général Lanrezac sur les rives de la Sambre. Une bataille de trois jours s'engage, ni prévue, ni anticipée. Soldats allemands, français et belges s'affrontent dans des combats qui aboutissent à la mort d'au moins 20 000 d'entre eux et au recul de l'armée française à l'intérieur de ses frontières.
Ces hommes ne sont pas encore les poilus aguerris des tranchées de l'Argonne ou de Champagne. Tous viennent d'un xixe siècle où la guerre imaginée est question de courage et de vaillance, où l'offensive prime sur la défense et les lignes de fantassins sur l'artillerie. Ni les Allemands ni les Français n'ont vécu une guerre sur le sol européen depuis 1870, soit presque cinquante ans. Aucun soldat - hormis quelques observateurs de la guerre russo-japonaise de 1905 et des guerres balkaniques de 1912-1913 - n'a vécu le feu nouveau des fusils, des mitrailleuses et des canons, que le progrès technique de la fin du XIXe siècle a perfectionnés de manière si spectaculaire. La capacité meurtrière de ces nouvelles armes est bien difficile à anticiper pour ces soldats venus des villes et des campagnes, qu'ils soient paysans, ouvriers, bourgeois, jeunes lieutenants de Saint-Cyr ou vieux généraux aguerris. Ils partent, en cet été 1914, accompagnés d'images de guerres du XIXe siècle qu'ils ne savent pas encore périmées. Charleroi est leur baptême du feu.
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