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Citation de Charybde2


La conversation a repris quelques minutes avant de s’éteindre comme on passait la forêt qui est verrou sur la vallée qui vient. Ensuite, l’horizon jusqu’alors un peu bouché d’arbres rugueux à force de vents, de bruines, de pluies à rideaux de dentelle, de gels à faire tomber le ciel dans des fracas courant au fond des bois, se dégage légèrement, va en s’élargissant : c’est à chaque fois l’image d’une grosse bête s’étirant qui émerge et qu’on laisse venir puisqu’on sait bien que la repousser ne sert à rien, ne fera rien naître d’autre que la même toujours qui pousse du museau et fait bien ce qu’elle veut. La route est à présent plate et quasi droite nonobstant un déhanchement qu’elle ne retient même pas pendant qu’on passe un étang puis un autre et le troisième ensuite, lui le plus vieux dissimulé comme il le peut derrière ses haies déplumées puisque le temps passe dessus sans jamais se lasser. Là-bas, un arbre seul cache un calvaire de pierres blanches dont la croix usée penche de toutes parts – des voitures viennent régulièrement le pousser de leur nez, c’est la ligne droite qui rend les conducteurs imprudents, il n’y a jamais eu de mémoire d’homme que de la tôle froissée et beaucoup plus de peur que de mal mis à part donc le calvaire que chaque choc délabre un peu plus et fait ressembler de loin à un bonhomme tordu par la dérive de son âge. Des chemins débouchent de toutes parts qui arrivent de nulle part, y amènent tout de même quand une promenade les prend sans trop savoir pourquoi. Un ruisseau vient aussi qu’on n’a pas vu surgir, longeant le gravier sans faire plus de bruit que cela. Il pleut des cordes toujours et c’est un tissu droit, les nuages sont d’un mercure casqué de noir avalant chaque regard d’un unique coup de glotte.
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