AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Daniel Parrochia (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Forme et origine de l'Univers - Regards phi..

Au XXIe siècle, nous connaissons la cosmologie comme discipline scientifique. Dans deux millénaires, on la présentera peut-être comme une des grandes mythologies cruciales du développement de l’humanité.





C’est une histoire connue : la gravitation d’Einstein et la physique quantique sont les théories désignées comme fondatrices de notre univers et pourtant, elles ne s’entendent pas. On ne peut en choisir une qu’à condition de renier l’autre. Quelque part, dans un coin de l’univers, quelques hommes essaient de les concilier. Leurs tentatives-éprouvettes sont largement spéculatives et se développent dans l’univers propre de leur cerveau. Quant à savoir si celui-ci est infini…





François Vannucci, dans le quatrième chapitre de cet ouvrage, posait les conditions suivantes :





« Appelons A le domaine des mystères de l’univers, et B la capacité du cerveau humain à les révéler. Il n’y a a priori pas de raison pour que les deux ensembles concordent. »





Si B est plus petit que A, il faut se résoudre à ce que l’homme ne comprenne jamais tous les mystères de l’univers. Mais si B est au moins égal à A, non seulement l’homme pourra peut-être un jour les comprendre, mais il est également le produit d’une coïncidence troublante. Julien Grain, dans le chapitre 9, se risque à une autre proposition timidement miraculeuse :





« Il suffirait […] que l’interaction forte, qui lie les nucléons entre eux, soit légèrement plus intense (d’environ un pourcent) pour que les étoiles ne vivent pas plus d’une seconde, au lieu des quelques milliards d’années observées dans le cosmos. »





On évince bien souvent les espoirs de ceux qui jouent au Loto parce qu’on sait qu’ils ne gagneront certainement jamais. Pourtant, ils ont terriblement plus de chances de ramasser le pactole que de reproduire l’ajustement des paramètres qui, du microcosme au macrocosme, assure la vie et la survie de notre univers. On peut essayer d’expliquer la nature miraculeuse de ce prodige de plusieurs façons. Darwin a essayé de décrire la vie comme un processus adaptatif, d’autres évoquent le dessein intelligent, et les auteurs et scientifiques ayant participé à l’écriture de ce livre adhèrent au moins partiellement au modèle des multivers. Quelqu’un qui achète la totalité des tickets de loterie au cours d’une même journée finira bien par tomber sur le gros lot.





En attendant de savoir si B est plus petit que A ou s’il peut se mesurer à son angoissante complexité, vingt chercheurs scientifiques et philosophes se sont penchés sur la question des multivers pour décliner le thème à l’aune de leur propre singularité. La démarche constitue une étrange mise en abîme : prenez le multivers et faites-le mariner dans un cerveau pendant un certain temps. Brassez, secouez, il en sortira autant de définitions du multivers qu’il existe de penseurs. La singularité s’est effectuée au contact du cerveau, mais le cerveau lui-même n’était-il pas déjà singulier ? La question des origines donne le vertige, les sciences dures butent elles-mêmes là-dessus et c’est peut-être cette difficulté sémantique, liées aux autres limitations épistémologiques, qui empêchent de considérer la cosmologie sous un angle fécond. Selon Etienne Klein, la pensée chinoise étant fondée sur la transition et sur la polarité entre des contraires coexistant sans cesse, sa langue ne connaît pas les mêmes gouffres existentiels que nous : la question des origines ne pourrait même pas être formulée. Devrions-nous essayer de nous extirper de la gangue de notre logique sémantique et syntaxique ?





« [Notre langage] est un langage ontologique, il ne désigne que des « étants » et se trouve par construction incapable de décrire comme ces étants sont advenus à l’existence, de sorte que la question de l’origine devient à la fois inévitable et impossible, tandis que la langue chinoise est une langue qui ne décrit que des procès, et non pas des choses, de sorte que pour elle la question de l’origine est pratiquement intraduisible. »





Mathématique, philosophique, épistémologique, sémantique et mythologique, la cosmologie est abordée sous toutes ses formes dans cette riche collaboration. Les petits hommes travaillent durement à réconcilier la gravitation et la physique quantique et espèrent accoucher de la gravitation quantiqu, ce qui permettrait d’harmoniser les lois et de résoudre les mystères de l’univers. Mais notre pensée semble se trouver dans une impasse qui nécessite bien une révolution néguentropique. Sylvie Vauclair semble sûre d’elle :





« Nous vivons un nouveau vertige qui exige une nouvelle élaboration de la pensée humaine. »





Et Jean-Charles Pichon décrivait ces époques cruciales avec les mots suivants :





« A nouveau, brusquement, quelque chose intervient. Dans le cours de l’Histoire, quelque chose apparaît, qu’on ne peut nier et ne sait dire. Le souvenir en reste au cœur de l’homme plutôt qu’en son esprit : Eden, Paradis Terrestre, Âge d’or »



… l’attente d’un nombre croissant d’hommes finira peut-être par produire le nouveau renversement.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          140
Forme et origine de l'Univers - Regards phi..

Cet ouvrage ambitieux est une belle réussite où science du cosmos et épistémologie offrent leur double regard pour enquêter sur l'origine et la forme de l'univers et l'histoire de la cosmologie : informations et réflexions sont richement documentées et de haute volée. Un seul bémol : le prisme épistémologique choisi par les auteurs aurait pu poser davantage de questions sur les limites du discours scientifique et pas uniquement sur sa signification ou ses conséquences.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          80
Le temps - un éternel recommencement ?

Intéressant mais souvent trop poussé pour moi. Et un peu déçu par le manque de recul philosophique sur ce qu’est le temps. Non, Bergson n’avait pas tort.

À réserver aux physiciens purs et durs
Commenter  J’apprécie          30
Le temps - un éternel recommencement ?

Cet ouvrage dérive du numéro spécial du Magazine "La Recherche" intitulé "Le temps: voyage aux frontières de l’infini" et paru en Décembre 2016. Il collecte un certain nombre d’articles écrits par divers spécialistes de la question. Quelques-uns m’ont moyennement intéressé: ceux qui sont consacrés à la mesure du temps, à la définition des heures, au "temps biologique", aux voyages dans le temps, notamment.



C’est à la fin de l’ouvrage que j’ai trouvé ce qui m’a semblé vraiment passionnant. D’abord les problèmes posés par la gravitation quantique (censée permettre la synthèse de la mécanique quantique et de la relativité générale). Ensuite et surtout la théorie élaborée récemment par A. Connes et C. Rovelli, concernant le "temps thermique". Celui-ci, qui n’est pas universel, découle de l’état quantique particulier du système et résulte de la non-commutativité des opérateurs quantiques, impliquant une relation d’ordre en lien avec la causalité. En fait, le "flot temporel" n’a pas sa place dans l’espace-temps d’Einstein, mais dans un "espace mathématique", celui des automorphismes. Le procédé permettant d’extraire un nouveau concept de temps se révèle être de nature thermodynamique: le temps thermique est le concept qui garantit que l’état d’un "système à l’équilibre" soit... constant. Une telle théorie semble à la fois géniale et très absconse. Elle n’a pas encore reçu de confirmation. Mais ce mystérieux temps thermique pourrait être validé, un jour, par l’effet Unruh: cette théorie de 1976 établit qu’un observateur uniformément accéléré peut voir le "vide quantique" comme un état d’équilibre thermodynamique à une température qui est proportionnelle à l’accélération.

Commenter  J’apprécie          10
Inventer le masculin

Daniel Parrochia étudie toutes les variations historiques et culturelles de ce modèle, ses reprises et ses crises, des «virilités gréco-romaines» aux règles de l’amour courtois ou au dandysme, et le soumet aux rayons de la biologie, de la psychanalyse, de la linguistique, de la littérature ...
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Daniel Parrochia (36)Voir plus


{* *}