Un ouvrage prenant d'une rare authenticité quant aux traits de caractère des personnages, à l'analyse de leurs sentiments et réflexions, à la nature et à la profondeur de leurs blessures qui ne guériront jamais. On devine aisément la part de vécu qui a inspiré l'auteur.
Pour ma part, également pied-noir, j'y ai retrouvé l'exubérance qui nous est propre, la dimension entière de notre caractère tant dans la joie que dans la colère, l'humour simple qui nous habite mais également le sentiment d'être différents des métropolitains, la frustration de se sentir rejeté par la France gaulliste alors que nous sommes Français et que nos parents ont participé à la Libération de la métropole, ainsi que le bonheur lié au fait de se retrouver entre nous et de parler avec nostalgie de notre merveilleux pays perdu.
Daniel SAINT HAMONT ne s'attarde pas sur les années antérieures à 1962 mais porte un regard plein de tendresse sur une famille déracinée et pleine d'une gentillesse qui frôle parfois la naïveté et qui arrive en France désemparée en peinant à voir le bout du tunnel. Comme ce fut le cas de tant de nos familles.
Lors de la lecture de ce roman, j'entendais en mon coeur la narration récitée avec l'accent de chez moi. J'imaginais Marguerite, la mère du personnage principal, avec l'accent de nos mamans identique à celui bien connu de Marthe VILLALONGUA qui est née à Fort-de-l'Eau (aujourd'hui Bordj el Kiffan), en Algérie française. Je voyais cette famille vivant dans la promiscuité au même titre que la mienne dans la même situation pendant de très longues années.
Point magnifique, l'authenticité de la narration est renforcée par le respect de la formulation parfois déformée que nous avons parfois dans l'expression de la langue française en particulier sur le plan de la construction des phrases ainsi que par l'usage de vocables qui nous sont propres.
Un ouvrage relativement court mais qui prend aux tripes en particulier quand on vient de là-bas. Il a généré chez moi beaucoup d'émotion en me portant parfois les larmes aux yeux. Ah, Algérie quand tu nous tient il est impossible de t'oublier et de ne pas t'aimer malgré le divorce entre nos peuples !.....
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