La résistance culturelle consiste alors à s'opposer a notre transformation programmée d’acteurs sociaux en consommateurs passif. Consommateur d'opinion préfabriqué dans les officines d'experts en communication politique, et consommateurs de produits de loisirs et de divertissement tenant lieu de culture, la culture ne servant plus que de produit d'appel pour la publicité . Ou de prétexte a des débats prétendument politiques ou culturels qui dispenserait presque de penser ou de lire
La liberté n'est pas une donnée mais une conquête contre toutes les formes de déterminismes qui ne peuvent s'exercer à nos dépens que tant qu'on les ignore.
Raison de plus pour nous méfier du règne de l'opinion publique et de toutes les formes, soit de consentement, soit de résignation, auxquelles la politique cherche à nous contraindre avec le concours d'experts chargés de nous convaincre que tout est pour le mieux de le meilleur des monde "possible" et que, de toute façon, toute résistance est vouée a l'échec- l'essentiel consistant à éradiquer toute velléité de rêve, toute scorie d'utopie, toute pensée non utilitaire, rentable et efficace. Ces artistes médiateurs, eux-mêmes précarisés et en quête d'un statut et d'une reconnaissance, ne courent-ils pas le danger de se faire enrôler par le pouvoir gestionnaire pour faire office de travailleurs sociaux spécialisés dans le divertissement, la consolation et finalement l'entretien de la misère du monde?
Benjamin avertit du danger de sublimer la misère en l'esthétisant, c'est-à-dire de rendre l'inacceptable esthétique et par là acceptable. Il récuse ainsi en quelque sorte par avance les prétentions des "créatifs" de la publicité, de la mode et de la communication, dont la fonction est de passer des messages tarifés et la finalité, de transformer en produits de consommation désirables des biens ou des idées, et ultimement de "remettre au goût du jour", comme dit Benjamin, les impositions de l'ordre social.