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Citation de Henri-l-oiseleur


Chapitre II : les massacres en Grèce antique, une typologie (Bernard Eck).
Considérons à présent quelques enseignements qu'on peut tirer de cette étude pour la compréhension de l'histoire grecque. Les massacres ne revêtent jamais un caractère racial et ne signifient pas la supériorité d'un groupe ethnique sur un autre. De même, les motivations d'ordre religieux ou, a fortiori, le fanatisme n'entrent en ligne de compte pour aucun massacre... Quant à savoir s'il existe, du V° au IV°s, une évolution, nécessairement négative, il faut certainement réviser l'idée, assez répandue, selon laquelle la guerre serait plus impitoyable au IV°s et tendrait à la destruction de l'adversaire, la guerre du Péloponnèse formant un tournant décisif. L'examen des massacres infirme plutôt ce genre de conclusion, pour trois raisons majeures. D'abord, au IV°s, les rapports entre Grecs et Perses - la situation diffère en Occident [entre Grecs et Carthaginois] - sont devenus plus pacifiques ; les Perses s'allient parfois aux Grecs et vont même jusqu'à arbitrer diplomatiquement leurs conflits, ce qui est impensable au V°s. Ensuite, la volonté de massacrer se manifeste moins de la part des pouvoirs politiques, comme l'illustre bien le comportement du roi de Macédoine Philippe II, qui devient peu à peu maître de la Grèce entre 360 et 336 : Philippe est dur avec ses ennemis mais ne les massacre pas, parce que, étant un homme /pragmatikos/, il sait que son intérêt n'est pas là. Enfin, d'un point de vue économique, le massacre est absurde : or, au IV°s, toutes les armées sont composées, en partie ou en totalité, de mercenaires que les cités paient très difficilement et il est évident que l'ennemi fait prisonnier est plutôt vendu que tué ; le mercenaire, phénomène endémique au IV°s, a contribué paradoxalement à humaniser la guerre. Et en ce qui concerne l'évolution, réelle, des armes ou des techniques de combat au IV°s, elle ne semble pas avoir une incidence sur les massacres.

pp. 118-119
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