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Critiques de Diane Afoumado (1)
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Indésirables: 1938 : La conférence d'Evian et l..

Évian 1938 ou l'histoire d'une grande occasion manquée aux conséquences des plus tragiques. Si je peux résumer ainsi cet événement historique.



Diane Afoumado est, malgré son jeune âge, chef de la recherche du Musée du mémorial de l'Holocauste des États-Unis (USHMM - United States Holocaust Memorial Museum) et maîtrise parfaitement son sujet.



Dans son avant-propos l'auteure déplore le fait que si la conférence d'Évian, d'une petite semaine en juillet 1938, a été mentionnée dans de très nombreux ouvrages, elle n'a jamais fait l'objet d'une étude exhaustive. C'est donc ce qu'elle a entrepris et pour le faire elle a dû étudier plus de 35.000 pages de documents. Rien que ses notes de bas de page couvrent 83 pages et son livre compte un index, une bibliographie détaillée et la liste des représentants des 32 pays y ayant participé.

Diane Afoumado précise que l'objectif du livre "n'est pas de juger", mais de restituer les faits et de les étudier dans une perspective historique.



1938 : Depuis 5 ans règne sur l'Allemagne, qui compte un demi-million de Juifs, Hitler, qui rattache, en mars, l'Autriche avec ses 185.000 Juifs au Reich ; l'année se terminera sur la fameuse Nuit de Cristal. La Pologne, le pays avec les plus de Juifs (environ 3 millions) pratiquait une politique antisémite, allant jusqu'à différents pogroms. En France, Édouard Daladier remplace Léon Blum, tandis qu'en Angleterre Neville Chamberlain est Premier et Lord Halifax remplace Anthony Eden aux affaires étrangères. C'est aussi l'année de Mistinguett (Mon homme), Fernandel (Barnabé), la Môme Piaf (C'est lui que mon coeur a choisi)... et de l'autre côté de l'Atlantique, Bennie Goodman, Cole Porter, les Andrews Sisters "Bei mir bist du schön" ... En France, Blanche Neige fait son apparition, aux États-Unis c'est Superman et en Belgique, Tintin part en mission en Syldavie ("Le Sceptre d'Ottokar").

Mais, pour les Juifs du Reich, "le temps n'est plus aux distractions, mais à l'évasion... fuir... mais pour aller où ?"



Pour se protéger contre ces flux migratoires, la plupart des pays ont introduit des mesures de plus en plus restrictives. Les initiatives de la Société des Nations (SDN - le précurseur de l'ONU) sont réduites, faute de moyens et du manque d'enthousiasme des États membres pour venir en aide aux réfugiés provenant d'Allemagne. L'introduction d'une convention internationale en la matière s'avère clairement indispensable, mais pour cela il faut qu'un certain nombre de pays influents (et bienveillants) en discutent au préalable les modalités exactes.



L'initiative d'une méga conférence vient étrangement des États-Unis, qui ne sont même pas membre de la SDN. C'est, en effet, le Président Franklin Delano Roosevelt, qui oui ou non soufflé par son ministre des affaires étrangères, Sumner Welles (1892-1961), en a lancé l'idée, le 22 mars 1938. Très vite dans des pourparlers individuels et des échanges de notes, certains pays s'efforcent de fixer les objectifs à atteindre. Les réactions des pays sont fort différentes : tandis que la République Dominicaine se déclare prête à accepter un nombre de réfugiés juifs, l'Australie déclare n'en avoir aucune intention, ne voulant pas créer un problème antisémite ! D'autres pays ne désirent pas "augmenter le nombre de petits marchands ambulants..." (page 41).



Comme lieu de rencontre est retenu le splendide Hôtel Royal, surplombant le Lac Léman, à Évian-les-Bains, un des plus beaux hôtels du monde, mais près de Genève où est situé le siège de la SDN. Pour des raisons budgétaires, les délégués suisses seront hébergés à l'Hôtel Mirabeau plus modeste. La Confédération helvétique, qui a décliné la proposition américaine d'organiser la conférence, n'envoie que 2 fonctionnaires à la conférence et adoptera tout de suite après, une politique de refoulement des Juifs allemands et autrichiens, une politique qui s'inscrit dans la logique d'éviter un "enjuivement" ("Verjudung") de leur territoire et qui remonte à 1916.



La Suisse ne constitue pas un cas isolé et les nombreuses réticences des pays invités à Évian à l'encontre des réfugiés juifs obligent Roosevelt à réviser rapidement ses ambitions à la baisse, en dépit des félicitations d'Albert Einstein. À la tête de la délégation américaine, Roosevelt nomme une personnalité non politique l'industriel Myron Charles Taylor (1874-1959), qui sera plus tard l'envoyé des présidents Roosevelt et Truman auprès du Vatican.

Le chef de la délégation française est le sénateur de la Guadeloupe et ex-ambassadeur de France à Washington, Henry Bérenger (1967-1952), qui grâce à Taylor deviendra le président honoraire de la conférence.



Malgré la bonne volonté de quelques personnes, telles Taylor et Bérenger, dès avant le départ même de la conférence, il est évident que tous les efforts de ces quelques personnes buteront surtout sur le sabotage systématique des Britanniques à cause de la Palestine et qui tentent par tous les moyens de limiter tout engagement pris à l'égard des réfugiés juifs d'Allemagne et d'Autriche.



Que la Conférence d'Évian s'est soldée par un échec cuisant est généralement reconnu et regretté, mais l'ampleur de la mauvaise volonté qui est la cause majeure de cet échec est invraisemblable. La lecture des faux arguments avancés, interventions hypocrites, gros mensonges n'est, bien entendu, guère édifiante, mais instructive. Que des adultes responsables aient pu tenir des propos débiles à ce point, défient le bon sens et l'imagination. Je peux vous assurer que plus d'une fois devant tant de mauvaise grâce j'ai dû arrêter, écoeuré, ma lecture et vite faire autre chose pour me calmer.



Le travail de l'auteure est absolument exemplaire et je n'ai aucune hésitation à recommander vivement son ouvrage.

Diane Afoumado l'a d'ailleurs dédié à sa famille paternelle, qui a dû fuir l'Égypte en 1959, mais Yacoub et Renée Afoumado avec leurs fils Claude et Léon (Aslan, son père) ont trouvé asile en France. le nom d'un de ses ancêtres, Naphtali Afoumado, d'origine turque mais ayant rejoint la Légion étrangère, figure sur un monument aux morts de la 1re Guerre mondiale à ..... Amiens.



L'illustrateur du New York Times du 3 juillet 1938 montre avec sa caricature, reproduite sur la couverture de l'ouvrage de Diane Afoumado, qu'il avait suprêmement bien saisi la situation.



Un participant à la conférence a fait remarquer que "Évian" épelé à l'envers donne "naïve".

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