Une seconde tentative, en 1623, réussit mieux: Olivarès le prit sous sa protection, et un portrait équestre de Philippe IV, peint par le jeune Sévillan, enthousiasma à ce point le pâle monarque qu'il déclara ne plus vouloir d'autre portraitiste ! Voilà Vélasquez installé au palais même, dans un atelier où Philippe venait souvent lui faire visite, et chargé, outre la royale effigie, de faire le portrait de tous les grands d'Espagne, l'infant, les ducs, les favoris, sans oublier les fous, les crétins et les monstres dont le monarque distinguait à peine son peintre officiel! Tous devaient le distraire au même titre.
Jamais jeunesse d'homme de génie ne fut plus droite et plus unie que la sienne; non seulement on la devine à l'abri des orages de la passion, mais on ne la voit guère aux prises avec les difficultés de la vie. Il n'a pas eu à résister à la volonté de parents qui ne comprennent pas la vocation de leur fils; il n'a pas eu à lutter contre la misère; on ne surprend point chez lui les hésitations d'un talent qui s'ignore et risque de faire fausse route.