Je veux bien tout jeter sauf mes livres ; j'ai l'impression que chacun d'eux porte une part de mon énergie, et me séparer d'eux serait perdre une partie de moi-même ; Ils sont une chose sensuelle, ils ont une odeur, on tourne leurs pages en les caressant, il n'est pas rare que j'en prenne un dans la main pour l'emmener en promenade ; j'ai avec lui un contact qui dépasse de loin celui de la matière : voilà les réticences de nombreuses personnes à se séparer d'une partie de leur bibliothèque.
De tout ce que nous possédons, la chose la plus difficile à réduire est probablement notre bibliothèque. Nos livres sont sacrés, ils représentent notre trésor, font office de compagnons de vie, nous suivent partout, même dans nos déménagements à l'autre bout du monde. Nous y inscrivons notre nom, de peur qu'une fois prêtés ils ne nous reviennent pas. Que serions-nous sans eux ? Ils sont la preuve vivante de notre savoir, nos porte-parole, ils représentent une partie de ce que nous sommes. Alors, d'abord, pourquoi vouloir s'en séparer ?