En général, les pleurs et les cris arrivent après, mais pas cette fois. Là, je n’ai perçu qu’un murmure, une discussion. Le plafonnier est toujours allumé, mais je vois le jour dehors. J’ai pourtant l’impression d’avoir déconnecté durant une éternité. Le souvenir du déshabillage de ma poitrine me revient alors comme un éclat d’obus dans le crâne. Je baisse la couverture. Avec surprise, je constate que mes bandages ont été changés. Je n’ai rien senti, cela ne m’a même pas réveillé. Maintenant, le pansement est plus discret. Il ne cache que l’espace de mes mamelons.
Ma bouche est pâteuse. Les fleurs de lys aux murs me donnent le tournis. Penser m’est impossible. Je respire, c’est tout. Mon univers se limite à ce lit, maintenant. Pas de passé. Pas de futur.