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Citation de mimo26


mimo26
26 septembre 2018
Mon coeur frappe au sternum comme un loquet contre une porte en verre. J’ai peur d’ouvrir les yeux. Derrière mes paupières, je devine une forte lumière à laquelle je me sens incapable de faire face. Mon corps est comme endormi, impossible à bouger. Je tourne la tête, m’écarte de l’ampoule, puis j’ose regarder.
Je suis dans une pièce minuscule, encombrée d’un tas d’appareils électroniques. À ma droite pend une poche à perfusion. Du regard, je longe le tube qui en sort ; il se termine au creux de mon bras par une aiguille. Je reviens sur mon corps, mais la lueur blanche juste au-dessus de ma tête m’agresse aussitôt. Je me redresse. Une douleur au ventre. Je m’appuie sur un coude. De l’autre bras, je vire la lampe qui pivote sur le côté avec un bruit strident.
Je vois des étoiles. C’est après plusieurs clignements d’oeil que je découvre mon état désastreux. Des bandages me serrent comme une saucisse des cuisses aux épaules. J’ai l’air d’une momie.
Je regarde mes bras, mes mains… Indemnes. Mon visage ? Je palpe maladroitement mon menton, mon nez, mes joues… Tout me semble normal. Je remonte, bute contre un autre pansement à l’arcade sourcilière. Il se prolonge au front puis au crâne qu’il recouvre entièrement. Je me concentre… Qu’est-ce qui m’est arrivé, bon sang ? Seul mon nom me revient : Florian. Tout autour s’étend une mer plate infinie.
Je force encore pour m’asseoir. De mon lit, en hauteur, étroit, sans bords, je scrute les ténèbres de la pièce. Mes membres sont lourds, le reste est un poids mort. À mes pieds, une tablette prolonge mon matelas. Dessus reposent plusieurs outils, ciseaux, pinces, scalpels, un large coton taché d’une substance marron, orange… et au bout, une écuelle. Dedans, je vois du sang… du sang à l’intérieur duquel baignent deux masses lisses, brillantes, rosâtres, marbrées de rouge et de bleu. Des morceaux de chair ? Je plisse les yeux.
J’avance un peu en faisant glisser mon arrière-train. J’ai terriblement mal, mais je commence à mieux supporter la douleur. Sûrement parce qu’elle ne se concentre plus dans mon ventre comme au départ, et qu’elle se diffuse un peu partout dans mon corps.
Désormais, je vois mieux le contenu de l’écuelle, mais c’est toujours aussi bizarre : des formes détergées de tout sens. Je secoue naïvement la tête pour retrouver peut-être ma raison, mais non, rien, je reste sur cette image et l’idée absurde que je m’en fais… Impossible, ce n’est pas ce que je crois !
J’essaye de trouver une autre origine à ces bouts d’organe, quand tout à coup des picotements me saisissent à l’entrejambe. Mon esprit déraille, c’est le chaos total, je ne trouve aucune explication à cette horreur… Et puis… je
fais le lien.
Je regarde entre mes cuisses, donc. Une auréole écarlate commence à percer le bandage, juste au niveau du pubis.
Elle grandit peu à peu. Une tache énorme. J’ai un haut-le-coeur. Je voudrais replonger dans le coma, annihiler à tout jamais ce stupide réflexe de chercher à comprendre, dormir d’un sommeil profond et me réveiller pour réaliser que tout ce bordel n’est qu’un mauvais rêve. Mais non, je ne fais que déglutir une remontée acide, et subir un vertige qui m’expulse de la table. Je tombe comme une masse. Lourd atterrissage à plat ventre sur… un ventre. Un ventre ?
La panique me prend. Je suis étendu sur quelqu’un. J’essaye de m’en dégager par des gestes ridicules. Je roule sur le flanc. Arrivé au sol, hagard, j’observe cette personne. La lumière vacillante éclaire par alternance son visage blême et figé. Je distingue une barbe jaunâtre de quelques jours, des cheveux gris, des yeux ouverts qui fixent le néant. Aucun mouvement ni souffle… Il est mort. Sa chemise blanche s’obscurcit au niveau de l’estomac. Là s’érige un manche de poignard. Je regarde ma paume, elle est couverte de sang. Respirer m’est soudain pénible. Je veux m’écarter du cadavre, mais l’encombrement du lieu m’en empêche. Je me mets à quatre pattes et m’accroche à tout ce qui se trouve sous ma main pour me relever : caisses, câbles électriques, murs…
Debout, j’oublie la douleur qui me perfore en tout point pour suivre mon instinct. J’attrape un tee-shirt et un pull découverts en tas au pied du lit, puis les enfile avec une lenteur insupportable. Ensuite, je m’attaque au pantalon.
En me baissant, le bandage me comprime le bassin. Un liquide coule le long de mes cuisses, je ne veux pas voir, je dois me concentrer sur mon habillage pour sortir au plus vite de cet endroit !
Je n’y arrive pas. Un râle de désespoir sort de ma bouche alors que je balance cette saloperie de pantalon.
La lampe s’est arrêtée de tanguer. L’homme au sol est toujours aussi mort. Mes mains tremblent. Je laisse divaguer mon regard dans l’obscurité à la recherche d’une porte de sortie. Je pivote sur moi-même, me retrouve face à un rideau. Je chope l’un de ses côtés, et le tire en m’accrochant à lui pour ne pas tomber.
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