À la violence des attaques, à la calomnie dont j'étais l'objet, j'opposai ensuite le silence d'une conscience sans reproche. Il me semblait que le calme et l'indifférence étaient les meilleures réponses aux attaques, que, tôt ou tard, lorsqu'on a raison, l'opinion redevient favorable, consciente, sans l'avouer, de réparer une injustice. Je me trompais. L'on a vite fait de travestir la pudeur en dédain, le mépris des injures en mépris de l'opinion. De nos jours, il faut toujours répondre à tout : aux turpitudes inventées, aux mensonges propagés, bref, se justifier sans cesse. Voilà qui transforme l'homme politique en être sans liberté, sommé de s'abaisser pour affronter toutes les agressions, sauf à sembler reconnaître la véracité de ce qui lui est imputé.
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