Alors
Alors il n’y avait ni hommes ni femmes,
La seule chair,
Et des ombres coléreuses sur un mur
Qui de temps en temps lançaient un grognement,
Enfouies dans le limon et la pierre,
Et suintantes comme bois torturé
De grosses gouttes qui ressemblaient et non à du sang.
Et pourtant à chaque goutte, une ombre s’effaçait,
S’évadait du mur.
Il y avait une accalmie
jusqu’à la prochaine goutte,
Au prochain combat qui laissait sa trace sur le mur
Et c’était tout ; le sang était tout.
Si les femmes étaient survenues là, elles auraient pleuré
Pour le pauvre sang, innommé, indésiré,
Blanc comme le Poème oublié.
Le mur était hanté
De muettes présences maternelles dont les soupirs
Battaient contre les ombres et contre le mur
Comme si la furie de la mort elle-même pouvait mourir.