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Citation de enkidu_


A l’homme revient de donner à la femme la forme — tandis que celle-ci, en un don total de soi, doit se transfigurer en l’homme, devenant consubstantielle à lui. C’est à cette union sacrée que font allusion les mythes de nombreux couples divins : Purusha, le dieu impassible, est uni à Prakrti, sa Force ; le dieu de la tradition kabbalistique s’unit à sa Shekinah, comme Zeus à Métis, « la Sagesse » ; comme Shiva se fond avec Shakti, la Puissance et la Force-Vie du dieu, et à laquelle il donne une forme, une limite, une direction, à l’image du lit du fleuve qui donne une forme et un sens à l’écoulement des eaux — lesquelles lui procurent en échange vie et substance. Sur le plan humain, l’acception du concept de force-vie comme valence cosmique liée à la femme est à l’origine de tous les systèmes familiaux archaïques qui lui attribuaient le rôle de gardienne du feu, emblème de l’énergie vitale dont la femme était l’expres­sion vivante et dont Vesta, déesse du foyer, était le symbole universel. C’est à la femme qu’il revenait d’évoquer rituellement la force sacrée du feu et d’en perpétuer le soutien à la famille, à laquelle le pater imprimait sa spécificité. Elle seule détenait ce pouvoir s’il est vrai que, une fois morte l’épouse du Flamen Dialis (et le Flamen est le prêtre du feu, comme l’atteste l’affinité avec flamma et avec Bhrahman-), celui-ci se voyait destitué de sa charge puisque seule la femme avait le pouvoir d’activer la force ignée qu’il dirigeait en un sens supérieur.

C’est à cette fonction capitale remplie par la femme que remonte l’appellation d’« ange du foyer » — étiquette qu’aujourd’hui repoussent avec dédain, violence et sarcasmes nos ménagères. En fait, toute dimension sacrale de la vie disparaissant, le « foyer » en tant que siège symbolique d’une présence spirituelle n’existe plus, et cette expression sert plutôt d’hypo­crite couverture à des activités purement matérielles et dégra­dantes que, dans l’Antiquité, l’on confiait aux esclaves ou aux animaux domestiques. Mais certainement pas à la femme.

Dans le mariage, reconstruction humaine de l’Androgyne divin, les deux principes sont, par conséquent, complémen­taires : à l’héroïsme viril de l’activité correspond de façon égale l’héroïsme féminin de la passivité. (pp. 55-57)
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