Voici un livre qui fait partie des inclassables parce qu'il n'est pas un roman à proprement parler, n'a ni chronologie ni intrigue. Ce sont des textes fragmentaires, des listes, des souvenirs, des informations. Le lire m'a rappelé la lecture du Journal de Jules Renard pour les paragraphes qui gardent traces d'une pensée, d'un bon mot, d'une découverte même si ici le fil rouge est celui des tissus qui murmurent dans le titre. On y devine une narratrice, son entourage familial ou amical mais j'ai surtout pris plaisir à y déguster les mots et ce goût pour la langue française.
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D'un tissu, d'un vêtement : une origine, une idée, une histoire.
Un agréable petit livre autour des sens.
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La folie Giovanna
Mardi dernier, journée étouffante et orageuse, j'ai eu envie de sortir de ma PAL ce roman, qui y dormait depuis un bon moment.
Juste parce que la quatrième de couverture parlait de journées écrasées de soleil et de siestes au bord de l'eau... Le cliché parfait de la lectrice saisonnière
La folie Giovanna est un très court roman qui prend place, au début du siècle dernier, dans une famille aisée du sud de la France. Le père, ancien officier de Pondichéry, est de retour dans la demeure familiale avec sa femme d'origine italienne et leurs deux filles.
C'est l'aînée, Louise, qui prend la plume pour nous conter le drame de sa famille. Celui de sa sœur Giovanna, fille préférée de leur mère, beauté adulée de tous, heureuse mère de famille, habituée à une vie sans soucis... jusqu'à la naissance de François, un enfant différent...
Je ne m'attendais à rien de particulier de ce roman dont je n'avais jamais entendu parler. Je souhaitais un roman à l'ambiance forte, et je l'ai eu. Même si l'histoire se déroule sur plusieurs années, on ressent l'importance de ces étés passés dans la maison de campagne et qui rythment le récit, cette nostalgie des étés d'enfance, de la chaleur qui endort jusqu'à l'alanguissement, de la jeunesse emportée...
Le thème est difficile, on y parle de la maladie, celle qui touche le plus par son injustice, celle d'un enfant innocent.
Mais c'est aussi l'événement qui révèle des failles, qui étaient bien présentes mais volontairement ignorées. L'époque n'est pas propice aux discussions profondes, la famille apparaît peu à peu gangrenée par les non-dits, la jalousie, le poids des apparences à sauvegarder...
Le roman est un exercice de style, c'est très bien écrit, on s'attache peu à peu aux personnages, on voit venir la fin autant qu'on la redoute. Et pourtant, j'ai eu la sensation de rester toujours à distance. J'aurais voulu me sentir intégrée à cette famille, mais je n'étais que spectatrice. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais c'est pour moi ce qui a fait de ce roman une très bonne lecture, mais pas excellente.
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Une fois n'est pas coutume, je vais m'arrêter d'abord sur le livre-objet. On sent (dans tous les sens du terme, et oui, je n'ai pas hésité à humer les pages) la qualité : belle couverture (mais pourquoi ajouter une jaquette ?) et une mise en page très claire, très soignée ; le texte est étiré (environ 6/7 mots par ligne là où les autres livres en ont 10/11), ce qui peut donner l'impression de lire de la poésie. Un beau travail des éditions Nicolas Chaudun, que personnellement, je ne connaissais pas, ce livre est un partenariat avec Les Agents Littéraires que je remercie également de me faire faire des découvertes.
Venons-en maintenant au contenu : excellemment écrit quoiqu'un peu trop mélodramatique à certains endroits, c'est un livre sensible, tendre et touchant. Cette histoire qui se passe dans un monde qui m'est étranger : la bourgeoisie de Province est touchante parce qu'elle raconte la vie de ces deux femmes, très liées dans l'enfance, puisque soeurs avec un an d'écart mais que tout pourrait opposer ; leur mère affiche sans retenue sa préférence pour Giovanna, la plus belle. Malgré tout, la vie ne les sépare pas, leur complicité restera au-delà de leurs différences et de leurs chemins personnels. Louise sera très présente et sincèrement très affectée lorsque le sort s'acharnera sur l'enfant de Giovanna, son filleul.
C'est un roman écrit tout en finesse, autant pour le style que pour la manière d'aborder les personnages : beaucoup de non-dits, beaucoup d'allusions, beaucoup de fragilités des uns et des autres. Les relations entre eux sont adroitement décrites, parfois de la tendresse, parfois de la jalousie, parfois même une once de moquerie. Une écriture élégante, fine, très joliment travaillée qui place ce récit totalement en phase avec son époque et la condition des gens qu'il décrit. Vraiment, je suis tombé sous le charme de l'écriture d'Élise Galpérine. Pour la petite histoire, lorsque Vincent des Agents Littéraires m'a proposé le livre j'ai hésité et j'ai accepté pour changer un peu des polars (très bons, certes) qu'il me propose habituellement, et fort heureusement pour moi ! Un dernier conseil pour la route ? Arrêtez immédiatement vos lectures et plongez dans ce roman immédiatement, si vous passez à côté, vous le regretterez !
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