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Citation de Cielvariable


— Oyez ! Oyez, bonnes gens ! Approchez et venez assister à notre représentation dans la véritable tradition de la commedia dell’arte ! s’écria une voix à l’accent chantant.

Alessandro invita les badauds, dans les jardins situés au pied de la cathédrale de Bourges, où il avait installé son petit théâtre ambulant pour quelques jours. Et aujourd’hui, il y avait foule. Les beaux jours revenaient enfin en ce mois de juin 1682 après un hiver long et rigoureux. Alessandro était un comédien italien de quarante ans. C’était une tradition dans sa famille et il en était très fier. Il parcourait, avec son épouse et leurs trois enfants, les routes d’Italie, leur terre bien-aimée, et celles de France où ils se savaient appréciés, notamment par le roi.

Alessandro portait un habit rouge et mit son masque au nez crochu, affilié à son rôle de Pantalon, un marchand avare qui rêve de pouvoir et de richesse. Il n’était pas très grand mais il se courba, ajoutant au personnage un aspect encore plus vil et repoussant. Alors que dans la vie de tous les jours, c’était quelqu’un de très charmant, qui aimait les gens et particulièrement ses enfants. Il fit une révérence et laissa place au spectacle. Les différents personnages entrèrent en scène et les spectateurs, intrigués et intéressés, s’approchèrent petit à petit pour prendre le temps de les admirer.



Les scènes se succédèrent et les cinq comédiens s’en donnaient à cœur joie en voyant les gens réceptifs et participant à leur jeu. L’une des comédiennes attirait particulièrement l’attention. Sous les traits facétieux de Colombine, se trouvait Lillie. C’était la fille cadette d’Alessandro. Elle était élancée et élégante, bien jolie à regarder. Surtout ses grands yeux verts, dans lesquels brillait une lueur particulière, qui laissaient transparaître la joie de vivre. Celle de se trouver là, parmi les siens, de jouer sur scène, de faire plaisir aux gens en les distrayant gaiement et de profiter de l’instant présent.



Lorsque le spectacle fut terminé, les comédiens saluèrent leurs spectateurs, qui les applaudirent chaleureusement et les rémunérèrent généreusement, avant de regagner les coulisses se trouvant derrière la scène, cachées par un rideau. Lillie s’assit sur une malle et tint dans l’une de ses mains un petit miroir pour pouvoir se démaquiller. Pietro, sous les traits d’Arlequin, arriva à son tour et lui lança, légèrement vexé :

— Il est encore là !

— De qui parles-tu mio caro ? demanda la jeune femme, faussement naïve.

— De qui d’après toi ? Du Saint-Père ? répliqua-t-il, en colère. De ton admirateur, pardi !

— Mon admirateur ? reprit-elle, amusée.

— Ne me prends pas pour un imbecille, tu sais très bien de qui je parle ! pesta-t-il.

Sa sœur le regarda dans le miroir et sourit.

— Tu veux parler de celui qui assiste plusieurs fois à nos représentations et cela même si nous changeons de ville ? C’est un spectateur assidu qui, de plus, est un très bel homme. Ce qui ne gâte rien.

— C’est surtout un homme qui te dévore des yeux chaque fois que tu entres en scène !

— Tu sais très bien que j’aime accrocher le regard des spectateurs quand je joue. Ce n’est tout de même pas à toi à qui je vais apprendre que je veux les emmener dans l’histoire que nous racontons ?

— Non, répondit-il, radouci. Mais lui, il est souvent là, trop souvent même, où que nous allions et il a l’air sérieusement intéressé par toi.
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