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Citation de le_Bison


Adliya était une capsule en marge du reste du pays, et l'hôtel une tour de verre qui pendant les mois d'été transpirait des taches de vapeur comme la porte d'un sauna. Si tu avais de la chance et que tu tombais sur une chambre dans les étages supérieurs, la vue était formidable : des immeubles, des minarets, des terrains vagues, des autoroutes, les jardins du palais royal, le tout enveloppé parfois de cette brume sale de chaleur, de sable et de pétrole. A l'entrée de l'hôtel, il y avait un hall avec le sol en marbre, des colonnes dans le style baroque néo-babylonien et des lampes versaillaises. La propreté des couloirs relevait de l'obsession, frôlant la paranoïa, comme il correspond au luxe entretenu par des esclaves qui frottent sans interruption des sols de marbre blanc qui brillent comme des étangs. C'était le genre d'hôtel dans lequel descendent l'ambassadeur du Koweit le temps que les travaux de l'ambassade soient finis - m'a confié l'agent d'entretien bengali -, des hommes et des femmes d'affaires, certaines familles saoudiennes en vacances et beaucoup de marines américains. Par fois, tout ce petit monde se croisait au bar du Sherlock Holmes, le pub irlandais : le Saoudien en qamis, I'Américain bodybuildé et la prostituée philippine. [...] Le Sherlock était une cave gigantesque et sombre où plusieurs écrans de tailles variées retransmettaient toutes les ligues d' Europe et du golfe Persique. II était inévitable de détourner ses yeux de la Premier League pour s'intéresser aux matchs de la ligue saoudienne, que personne d'autre ne regardait : des joueurs d'une maladresse attendrissante, des supporters en qamis dans des gradins presque vides. Le saumon qu'on y servait était d'un orange de jus en poudre Tang, la serveuse éthiopienne nous connaissait par nos prénoms, le mac des putes philippines faisait un peu peur lorsqu'il jouait seul aux fléchettes, les groupes de marines criaient autour du billard comme des adolescents en voyage de fin d'année, quand bien même ces voyages les emmenaient parfois dans des destinations aussi peu appétissantes que l'Irak.
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