On n’oublie pas une enfance dans la brousse. Tant de souvenirs s’y rattachaient : la terre généreuse, la case spacieuse, le tracteur, l’élégance de sa mère, la tendresse de sa nourrice — que les créoles appelaient nénène —, les jeux avec ses sœurs, la splendeur des soleils couchants, le goût des carri3 du dimanche, l’exploration des alentours et son lien si particulier avec les animaux de la ferme. Il y avait, bien entendu, un revers à la médaille : l’isolement, les terribles orages d’octobre, la terreur des caïmans et des anophèles, les insultes et les coups de chabouk — la badine réunionnaise — paternels.