Emmanuelle Jeannin

J'avais choisi ce livre pour m'aider à comprendre. Je croyais trouver l'os de la substantifique moelle du texte de Christian Bobin : « la nuit du cœur » qui m’avait profondément ému et qui avait suscité ma visite à Conques.



Et puis non.



Mieux qu’un squelette, j’ai trouvé là un texte technique, historique et sérieux de très bonne tenue tant dans le propos que dans l'illustration. Un texte qui, grâce à la confrontation entre le technicien et le poète, m’a permis d’envisager l’ouvrage de Bobin d'une façon toute autre sans en enlever la moindre qualité. Qui m’a aussi permis de relativiser, démystifier et prendre un peu de recul.



Mais revenons à cette belle monographie : L’ouvrage qui pouvait se faire passer pour un de ces petits guides pour touristes, pas cher mais dénué d’intérêt est effectivement peu onéreux mais en quelques quatre-vingt pages l’auteur aborde l’histoire du site, l’installation des premières communautés, les constructions successives de l’abbatiale, ses restaurations, les vitraux de Pierre Soulages.

L’architecture est abordée dans le détail mais très clairement, accompagnée de photos de qualité, judicieuses et détaillées.

Dans le fil du texte des encarts précisent encore certains aspects sous forme d’anecdote.

Ainsi apprenons-nous que le dépouillement contemporain dans lequel apparaît une église du XI ème siècle - propice à l'introspection et au recueillement – n’a rien à voir avec son aspect moyenâgeux, alors qu’elle était chargée de couleurs, d'ors, de fresques, de lumières chatoyantes, de chants de pèlerins.



Sa vocation était de convertir ; elle l'est toujours mais différemment.



Alors un conseil : Si vous allez à Conques, arrivez un peu avant, passez à la librairie « chemin d’encre », choisissez cet excellent petit ouvrage – pas celui de Christian Bobin que vous avez déjà – installez-vous à la terrasse ou dans le salon de l’hôtel sainte-Foy - vous savez celui dont les fenêtres donnent sur l’abbatiale - et lisez avec un thé, une bière ou ce que vous voudrez.

Et seulement après …après, pénétrez et laissez-vous happer par l’âme des pierres du XI ème siècle.