L'hiver, la forêt ne sera plus capable de retenir la peur et d'écrêter les doutes : elle sera trop ouverte. Toute la végétation sera au repos, ou presque, la consommation d'eau sera temporairement arrêtée. Les fayards ne transpireront plus, et l'air deviendra sec. L'annulation des feuilles laissera entrer le jour. Le ciel écartera les branches des arbres pour se glisser dans la forêt, et tremper de clarté jusqu'au plus profond de mes promenades d'été, jusqu'à donner la main à la lueur de la rivière. La forêt m'apparaitra comme une impudeur, une trahison. La nudité forestière hivernale. Dans cette forêt de feuillus, impossible en hiver de se cacher, de disparaître, de douter.