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Citation de Livretoi


Il y a des points de bascule dans la vie de quiconque. Des événements ponctuels qui font que l’on peut dire avant et après. Jusque-là, je me les représentais comme des paliers bien stables entre deux volées de marches. Des étapes à marquer dans l’ascension qu’était, pour moi, censée symboliser toute vie humaine.
Avant, c’était bien.
Montée, palier, pause. Observer, apprendre, reprendre son souffle si nécessaire. Puis continuer de grimper. Palier suivant, bref regard en arrière, sourire, constat : on a progressé, on continue d’avancer, de gravir, d’escalader s’il le faut. Tout va bien, tout ira mieux encore. Cette histoire de paliers, c’est une image, une théorie qui correspond assez bien à mes représentations d’avant. J’en ai une autre qui explique mieux ma chute.
Imaginez une balançoire. Pas celle qu’on accroche aux arbres et sur laquelle on monte seul en agitant les jambes, non : celle constituée d’une longue planche reposant en son centre sur un point d’appui surélevé. C’est le poids des personnes assises en vis-à-vis qui permet d’alterner les envolées. Les hauts et les bas. Soudain, vous regardez ailleurs - ou vous ne regardez rien, peut-être éblouie par le soleil qui vous réchauffait, vous faisait sentir foncièrement vivante et heureuse, confiante et aveugle. Vous ne regardez pas et alors, au moment même où, comme à votre habitude, vous ne doutez de rien, votre vis-à-vis disparaît, s’escamote d’un coup. Vous vous retrouvez brutalement sur les fesses dans le sable. Et le cœur dans la gorge. Il n’y a plus personne en face, le jeu est fini. Vous comptiez sur lui, pourtant. Votre partenaire indéfectible, compagnon de jeu et de vie. Cette balançoire, c’était votre mouvement perpétuel à tous deux, ascendant évidemment ; bien sûr qu’il n’allait pas s’arrêter, pas besoin de remise en question : vous étiez lancés, tous les deux, ensemble, d’un commun accord. Vous vous amusiez bien, vous étiez même heureux. Il n’y avait aucune raison que ça s’arrête.
Voilà en tout cas ce que moi je croyais.

Douleur, haine, je ne sais plus que des choses abstraites. Réceptacle de haine et de douleur, deux émotions fondues e un seul sentiment qui m’habite dans une permanence totale, la doulhaine.

Ça peut marcher le coup de la haine. Détester assez fort fait partir la douleur ou, sans aller aussi loin, l’apaise. Un peu. La recouvre en tout cas, comme le tapis sur la poussière. L’inconvénient, c’est que la mise en œuvre de cette fine stratégie est épuisante.

Tourner la page. Ce serait simple si mon ventre ne me hurlait pas qu’il en est incapable, si mon cœur ne cessait pas de battre chaque fois que j’y repense, si ma tête ne menaçait d’exploser à chaque réminiscence de mon doux passé hypocrite et du mur auquel je me suis heurtée de plein fouet. La femme idéale est morte. Vive la Femme. Et vivent les hommes nouveaux qui m’écrivent sur Meetic, déjà plus de vingt depuis que j’ai validé mes inscriptions. Je clique, curieuse malgré tout.
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