Enrico Crispolti

Mauro Staccioli est un sculpteur italien, né en 1937, à Volterra. Il est diplômé en 1954 de l’institut d’art. En 1960, il déménage en Sardaigne, où il commence à enseigner dans la province de Cagliari où il fonde le «Gruppo di Iniziativa», avec de jeunes artistes et intellectuels scandinaves. En 1963, il déménage à Lodi puis à Milan. Là, il dirige le Liceo Artistico di Brera de 1974 à 1975, puis de 1978 à 1979, et puis le Liceo Artistico Statale de Lovere. Après des débuts où il expérimente la peinture et la gravure, il se tourne définitivement vers la sculpture à la fin des années 1960. Il se concentre sur la relation entre l’art et la société en développant l’idée originale d’une sculpture qui est en relation étroite avec l’espace, étudié en tant que concept physique et social, dans lequel et pour lequel elle a été créée. Il se spécialise dans la réalisation de sculptures monumentales de plein air de forme géométrique, bien souvent en acier Corten. Il utilise les lignes de force du lieu qu’il investit avec ses œuvres. A chaque fois, rigueur, axialité et perspectives sont sollicitées pour une confrontation signifiante avec la nature.

Un grand nombre de Belges, passant par le sud de Bruxelles, voit à Watermael-Boitsfort une de ses œuvres sans connaître le nom de son auteur. « Equilibrio sospeso » est un gigantesque cadre en léger déséquilibre donnant un formidable point de vue sur la forêt et de taille imposante. En 2009, Mauro Staccioli revient à Volterra, sa terre natale, après une première exposition « Sculture in città » en 1972. Le catalogue de cette exposition plus récente, titrée « Luoghi d’esperienza » (littéralement : Lieux d’expérience), nous montre les œuvres réalisées entre ces deux bornes temporelles. Staccioli réinterprète le paysage toscan grâce à un ensemble d’œuvres monumentales en plein air, aussi bien au cœur de la ville que dans ses environs, traçant un parcours dans lequel l’art, l’histoire et la culture se rencontrent pour élaborer une pure synthèse.

Après plusieurs textes théoriques sur la sculpture abstraite et sa relation au monde, un important cahier de photos couleurs, introduit par une carte de la région de Volterra, présente toutes les sculptures in situ. Différents documents (biographie, chronologie, collections) concluent l’ouvrage, splendidement mis en page. Nous sommes là devant un équilibre presque parfait entre l’esthétique et les œuvres elles-mêmes.