L’entrée à Jérusalem
[...] « Depuis plus d’un mois, tous étaient dans l’attente. Le patriarche, les Franciscains, les maisons religieuses se préparaient à faire une digne réception à ces chers compatriotes. Enfin ! Les voici qui arrivent. La population est debout. On va au-devant d’eux à une petite distance. On les salue de loin.
« Cependant, ce n’est encore que l’avant-garde… Ils ne sont que cent-vingt. Le lendemain, mardi 9 mai, un second bataillon arrive à la même heure. Les premiers débarqués sont allés en foule leur souhaiter la bienvenue. Les bannières et le drapeau de la France en tête, la procession s’est mise en marche et a fait son entrée par la porte de Jaffa. Sur les murailles, sur les maisons, de chaque côté de la rue, étaient rangés les curieux et les habitants, surpris et respectueux : Musulmans, Grecs, Arméniens, Juifs, Arabes du désert, regardent en silence cette belle manifestation. Oui, c’était vraiment beau. Les plus incrédules, les plus sceptiques y étaient pris.
« Ces braves gens, tout couvert de poussières, brisés de fatigue, sont magnifiques. C’est la foi rayonnante des premiers âges allant faire amende honorable au tombeau du Sauveur, pour tous les outrages dont il est victime à travers le monde.
« Ce sera le plus beau spectacle qu’ait vu Jérusalem. Je ne peux même pas faire de comparaison avec l’entrée triomphante des Croisés, tout couverts du sang de leurs ennemis. Aujourd’hui, ce n’est pas du sang, ni des cris de colère et de vengeance, mais des chants d’amour, des prières, des larmes de joie. »
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