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Citation de LydiaB


Une nuit, pendant ces temps incertains, je rêvai de l’entrée des Français, oui, j’en rêvai, bien que jamais encore je n’eusse vu un soldat français, à part quelques prisonniers de guerre – je tiens à ajouter dès maintenant que dix-sept mois plus tard, quand ils occupèrent effectivement cette ville, je les vis tels que je les avais rêvés –, et voici comment je les voyais : soudain ils étaient dans la ville, dans cette ville morte, assourdie ; des formes souples gris bleu comme le crépuscule qui tombait entre les maisons, des casques d’un éclat mat au-dessus de visages clairs, de visages blonds et ils allaient vite, le fusil à l’épaule, au bout du fusil la baïonnette et tandis qu’ils marchaient, leurs genoux fonctionnant comme des ressorts entrouvraient leur manteau et ils fonçaient au milieu des vastes places vides, inflexibles, comme mus par des ficelles, et devant eux le brouillard qui pesait sur la ville se dissipait et c’était comme si les pavés gémissaient, comme si chacun de leurs pas enfonçait un coin aigu dans le sol torturé et comme si les arbres et les maisons se courbaient devant cette menace triomphante de la victoire, devant l’enivrement mortel, irrésistible de leur marche.
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