Esther Kamatari

Ce livre est un beau témoignage à travers le parcours d’une femme de caractère, une princesse royale burundaise, Esther Kamatari.



Le livre s’ouvre sur quelques notions de géographie, d’histoire, d’économie et de politique du Burundi, pour nous permettre de situer le pays et comprendre le contexte du témoignage. Vient ensuite le récit proprement dit d’Esther, narration à la première personne.



La première partie retrace l’histoire de la famille, et plus particulièrement de son père, son enfance, son adolescence dans cette famille, entre la capitale, Bujumbura et leur province. Les passages politiques nous éclairent sur la relation de ce petit pays avec leur ‘’protecteur’’ belge, les erreurs de ce pays de tutelle, voulant imposer leurs méthodes, par exemple dans le domaine de l’agriculture, mais sans rien expliquer aux familles et au détriment de la logique économique du Burundi. Ils ont aussi organisé l’administration burundaise selon une logique ethnique de ségrégation entre Hutus et Tutsis, distinction qui ne comptait pas auparavant pour la bonne marche du pays. ‘’Les Belges ont laissé la division et la haine, là où avant leur arrivée régnait une cohabitation pacifique’’. Ce témoignage n’est pas sans me rappeler le livre de Mukasonga, Notre-Dame du Nil, qui se passait au Rwanda.



Esther, fille du prince, nièce du roi, a grandi dans ce contexte mais en étant protégée longtemps des aléas politiques. Elle a été éduquée dans une pension religieuse, et, à la demande de ses parents, elle devait être exemplaire. Mais elle n’a pas pour autant été coupée de la réalité de la vie quotidienne de son peuple, partageant selon les saisons certaines activités avec lui. Cela lui a appris l’humilité, et lui sera utile par la suite.



Ensuite, nous abordons la fuite d’Esther pour la France, son courage, voire sa témérité pour se lancer ainsi dans cette entreprise. Nous voyons la façon dont elle s’en sort, la chance lui ayant sourit plus d’une fois. Elle cherche alors dans ces premières années françaises à se couper de ses racines burundaises.



Mais son africanité revient frapper à la porte, et, devenue top-modèle, elle va de plus en plus se sentir l’ambassadrice de son pays en Europe. Nous la voyons par la suite créer son action humanitaire, et surtout l’accentuer dans la guerre civile qui mine le pays dans les années 90, avec ses nombreux massacres de population. Elle se démène comme un beau diable pour se faire entendre. Un bel exemple.