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Citation de Anything-ispossible


— C’est moi père, chuchote Jeanne.
Les ombres sont épaisses sur la piste rouge… Une piste magnifique que la clarté de la lune rend ivoirine ici et là, comme les défenses des éléphants. Ces éléphants sauvages dont on peut entendre passer un troupeau non loin, et dont un œil attentif pourra demain repérer les traces parmi les végétaux brisés. Heureusement, la lune jette quelque clarté entre les racines aériennes qui s’enchevêtrent entre les paillotes. Sa lueur illumine jusqu’au jonc des paillotes, éparpillées ici et là en bordure de piste. Un parterre de fleurs aromatiques parfume les jardins. Cela fait comme une fumée odorante : les bonnes odeurs du parfumeur ! Le père Choo-Choo-Neo est-il donc venu dans ce jardin pour se repaître des fleurs aromatiques ?
— C’est moi, père ! chuchote Jeanne une nouvelle fois.
— Quelle est celle-ci, qui chemine comme l’aurore à son lever ? Comme la lune… Mais ! mais c’est toi, Jeanne ! Mais par exemple ! Mais par quel prodige ?
Jeanne ne se fait pas attendre. Elle s’extirpe d’un pertuis de végétaux exubérants, montés comme des solives. Tout cela dessine une voûte noire, magiquement chatoyante et belle. Si mystérieuse ! Et tout cela dégouline des gouttes de la nuit. La lune éclaire partiellement le visage de Jeanne. (…)
Des ombres épaisses flambaient ici et là, dessinant avec la lune, dans les hévéas tout proches, en lisière de piste, leurs fantasques arabesques. Bercées par un vent doux et chaud, au milieu des racines aériennes des banians, elles amplifiaient encore le caractère effarant des prédictions de Jeanne. Le visage du père Choo-Choo-Neo n’avait d’ailleurs cessé de se décomposer à mesure que Jeanne lui parlait. Ses traits commençaient à ressembler à ces chemins qui ravinent après les grosses pluies de mousson. Puis des larmes coulèrent de ses yeux. Un flot de larmes tel que rien ne semblait pouvoir l’arrêter !
— Mon Dieu, Jeanne ! Que me dis-tu là ?
Il se prenait la tête dans les mains. Il était comme hors de lui. Il pleurait à chaudes larmes. Il pleurait comme un gosse. Il tomba à genoux. Jeanne se pencha alors, le relevant doucement.
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