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Citations de Faustine Harang (5)


Si l’on considère la preuve comme un « mécanisme par lequel on parvient à établir la vérité d’une allégation, d’un droit ou d’un fait », la torture peut elle-même devenir une preuve. L’aveu valide en justice n’est que la réitération de l’aveu arraché au moyen de la question. Lorsque l’aveu répété entre en contradiction avec les aveux extorqués, ou bien que ceux-ci font l’objet de dénégations ultérieures de la part du prévenu, cela fournit un indice suffisant au juge pour relancer la machine de la procédure extraordinaire. Autrement dit, la torture judiciaire fait indirectement partie des preuves partielles qui figurent au dernier rang du système des preuves légales. Inversement, les aveux extorqués par la torture et la torture en elle-même peuvent devenir des éléments à décharge.
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La douleur infligée est appréciée en termes de degrés. En 1376, Adam d’Ay, sergent d’armes du roi, reproche à Jean Le Boursier, ancien bailli du duc d’Orléans, de l’avoir mis « à gehine moult villainnement », tandis que celui-ci se défend de l’avoir questionné « courtoisement ». Adam d’Ay dit avoir été blessé au bras et avoir eu une dent cassée par l’« estanguillon » que le bailli lui mit dans la bouche. Le terme « villainement », du verbe « vilener », blesser, désigne très explicitement les mauvais traitements induits par la torture. À l’opposé, la « courtoisie » avec laquelle doit s’opérer la question se rapporte, elle, à la Cour.
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La question se définit en fait par sa visée : arracher la vérité à l’accusé. Pour y parvenir sont utilisés les tourments, c’est-à-dire la douleur physique.
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Dans sa transposition française, la « question » appartient donc à l’origine à la langue des savants. Dans le langage courant, c’est la gehine qui est le plus employée. Le vocabulaire de la torture est en cela tout à fait typique d’une société « plurilingue », où se côtoient le langage référentiel du droit romain et le parler populaire. La persistance de l’utilisation du terme « gehine » dans les actes rédigés en français, alors que les textes en latin, sauf exception, n’en font pas mention, traduit bien le syncrétisme qui s’opère entre des pratiques d’aveu contraint, antérieures à la résurgence du droit romain, et la réappropriation de celui-ci à partir des XIIe-XIIIe siècles. Petit à petit, le terme « torture » se fait une place aux côtés de la « question » et de la « gehine », participant ainsi du processus de formation d’une langue officielle, qui ne se veut redevable ni du droit romain, ni de la langue commune, et qui accompagne la construction de l’État monarchique.
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Le vocabulaire du crime peut parfois sembler mouvant, varié et incertain, ce qui en fait une notion fuyante pour l’historien. Pourtant, la rigueur avec laquelle les ouvrages de doctrine naviguent entre droit romain, gloses et autres commentaires, mais aussi celle avec laquelle les juges conduisent un procès, ne sauraient être contredites par des formules floues ou aléatoires.
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