Fernand Gigon

L'Asie, c'est l'excès. L'Asie, c'est le nombre. C'est aussi une exceptionnelle faculté de nier le temps sans lequel pourtant l'histoire n'existerait pas. D'où cette vacance de l'Asie devant les problèmes que posent notre époque.Cette impossibilité de se stabiliser sur une longue durée, de cristalliser certains concepts, de s'exciter pour un thème abstrait et de créer ces relais de pensée autour desquels tournent nos civilisations, est commandée par la notion du nombre. Le monde peut évoluer, passer de la Joconde de Léonard de Vinci au E=MC2 d'Einstein, sans que l'Asie bouge d'un millimètre ou que son rapport au progrès, à notre progrès occidental, varie en qualité et en quantité. De toutes les civilisations, celles de l'Asie sont peut-être les seules à être immortelles. Leur immobilité leur assure une protection contre l'usure du temps et du mouvement. Elles vivent en fonction de l'immortalité.