Flavien Marchal

Extrait :
Bien qu’il ne soit pas très tard, Claire se sentait fatiguée. Une dernière promenade dans l’immense parc étrangement désert et elle monterait dans sa chambre. Il était très faiblement éclairé, voilà qui ne devait guère enthousiasmer les locataires pour les balades nocturnes. Les constructions étaient bâties de façon tout à fait inhabituelle. Elles faisaient penser à un énorme labyrinthe. En vue aérienne, cela devait être grandiose. Adrien avait décidé lui-même de cette architecture si peu orthodoxe. Une complication d'édifices parmi lesquels la pensée tâtonne et se fourvoie. Un réseau
enchevêtré, voire contradictoire où l'esprit s'engage sans connaître la route qu'il doit tenir.
Voilà l’idée d’Adrien pour maintenir ses adeptes en son pouvoir. Les perdre dans un dédale idéal dont seul son concepteur pouvait s’extirper.
Claire décida de ne pas poursuivre sa balade plus longtemps, après tout, elle était là plusieurs jours et avait tout loisir de faire cela pendant la journée. Lorsqu’elle se retourna
pour faire demi-tour, elle tomba nez à nez avec une grande brune qui devait bien mesurer un
mètre quatre-vingt.

- Vous m’avez fait peur.
- Je suis désolée.
- Vous me suivez.
- Non, pas du tout, je me promène simplement.
- Pardon, je suis confuse.
- Ne vous en faites pas, ce n’est pas grave.
- Bonne soirée mademoiselle.
- Bonne soirée.

L’accent slave de la promeneuse n’avait pas échappé à Claire qui fut surprise de voir que même des étrangers figuraient parmi les adeptes. Tanya se retourna une dernière fois pour regarder s’éloigner la jeune femme qu’elle trouva splendide.
Maison numéro une, deuxième étage, chambre vingt-sept. Claire se préparait à passer sa première nuit ici avec une certaine angoisse.
Elle était toujours animée de ce sentiment étrange, indescriptible et pourtant bien présent. Une bonne nuit de repos et tout rentrerait dans l’ordre.