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Critiques de Florence Giorgetti (2)
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Do you love me?

Publié en 2010 par les éditions Sabine Wespieser, « Do you love me ? » fait partie de la ligne éditoriale consistant à publier des textes de comédiens ou de cinéastes, un peu à part, comme cela avait été le cas avec Inflammables de Gérard Guégan. Florence Giorgetti est en effet comédienne au théâtre, et assure actuellement l’interprétation et la mise en scène de dramaturges contemporains.



« Do you love me ? » est la question que posait sans cesse Jane Bowles lorsqu’elle rencontrait quelqu’un pour la première fois. C’est ainsi que Florence Giorgetti aborde Paul Bowles pour le convaincre de la laisser interpréter Sa maison d’été, unique pièce écrite par sa femme.



« Il y a en tout cas quelque chose d’annonciateur dans la vie de l’artiste à partir du choix qu’il fait, ou que l’on fait pour lui. Un choix qui va déterminer son destin. »



Écrivaine peu connue et peu reconnue de son vivant, Jane Bowles était pourtant avec son mari une des personnalités littéraires marquantes du New York des années 1940. Tennessee Williams, Truman Capote, et John Ashbery la considérait comme une figure essentielle et malheureusement méconnue des lettres de l’époque. Elle est décédée des suites d’une attaque en 1973, son mari en 1999.



C’est dans cet intervalle de temps que Florence Giorgetti contacte Paul Bowles. Leur entretien sera le but de tout le texte, où elle explique pourquoi elle veut monter cette pièce, tout en nous faisant assister à de multiples scènes du quotidien.



« Quel courage il faut avoir pour être acteur ! Se mettre en danger, s’exposer, sans pouvoir se cacher, mais c’est aussi pour cela que l’acteur est unique, car il donne un petit extrait de sa vie de tous les jours, de ses chagrins, de ses joies, de ce qu’il vit dès le matin au réveil jusqu’au soir sur la scène, et cela personne d’autre ne le vivra à sa place. Ce qui le fait mourir à chaque instant dans la vie, c’est ce qui va l’aider à vivre sur scène. «



Un texte agrémenté de dialogues théâtraux, de lettres à ses personnages et autres structures narratives qui l’enrichissent ..



Un roman insolite mais intéressant qui nous plonge au cœur du phénomène de la création, à travers les doutes, les phobies et les échecs de cette comédienne.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Do you love me?

Critique de Gilles Cervera pour le Magazine Littéraire



Son nom vous dira forcément quelque chose, lu aux génériques des films ou sur les colonnes Morris, c’est une actrice qui a tourné avec Vecchiali ou Marco Ferreri et se décrit ainsi : « Petit nez retroussé et une grande bouche avec de grosses lèvres ». Le titre est anglais. Facile à comprendre. Very. Le nom de l’auteure aussi se traduit bien, Florence comme la ville de Firenze. Giorgetti, la trattoria d’à côté embaume. Sauf qu’en l’occurrence, la trattoria n’est rien de moins que le Vatican ! Le serveur est un servant, bagouse et « cape ornée d’hermine ». Son oracle est le suivant : tu ne seras pas nonne ma fille, mais actrice. Contre la contrariante baigne de sa mère qui a trouvé sa fille en ballerines faire des pointes autour de Serge Lifar : non, pas danseuse, comédienne ! Prémonition, pas moins qu’un maudit herpès qui n’empêche ni de faire sa communion un bandeau sur l’œil ni de tourner une première scène dans un film ! Le récit de Florence Giorgetti pourrait s’appeler le mauvais œil (ou les « tunnels invisibles ») ! L’éclairagiste doit faire davantage attention: « cet œil est encore pire que le droit ». Florence Giorgetti nous donne un récit précis, concis, alternant rêves et notes, saynètes et épistoles jusqu’à la « lettre d’une actrice à son personnage ». Au final, un livre.

D’une scène l’autre, en passant par celle de l’inconscient. Florence Giorgetti rencontre Strindberg, elle ne le joue pas. Elle rencontre Tchekhov, elle ne le joue pas. Ecrit sur le filigrane qui sépare la vie de l’acteur de celle de l’auteur. Car Tchekhov et Strindberg sont ici appelés par leur petit nom, des frangins. Des rencontres, pas du jeu ! Ni plus ni moins acteurs que ceux qui viennent piquer le cierge des églises pour allumer leur clope et ne les rendent pas au saint en partant, interrompant de toute manière une « prière un peu confuse » : la question qui vient n’est pas do you love me ? car cela nous ramènerait trop au feu, c'est-à-dire à Jane et Paul Bowles, à la littérature donc, c’est, au final, qui est l’acteur ? Est-ce le théâtre qui fait l’acteur ? Ou la vie ? « Ce qui le fait mourir à chaque instant dans la vie, c’est ce qui va l’aider à vivre sur scène.»

Où l’on comprend la bonne santé des arbres poussant dans les cimetières, c’est que « les morts font de la bonne terre ». Où Florence Giorgetti garde et regarde tout, actrice toujours mais guettant partout le théâtre ordinaire des rues et des squares. La solitude extrême de la dame dont le journal s’avère forcément beckettien, dame dont le chat s’appelle Poulette. Sam n’aurait rien jeté de ça car ce récit est à l’os.

Do you love me ? reste techniquement le journal d’une actrice « sur la route du trac » : ce ne sont plus les rêves qui courent et nous entraînent entre deux eaux et deux scènes, c’est le vrai trac, le dur, qui fait vomir, ou tousser, ou empêche tout, le texte, la voix, la respiration. L’auteure nous dit cette traque du trac jusqu’à cet aveu qui met bas le masque: « j’aimerais bien laisser la peau de mon visage reposer une nuit sur la tablette de maquillage comme on range un vêtement sur un cintre pour qu’il ne soit pas froissé le lendemain ». Mission impossible, le visage de l’acteur est à la fois la peau et le masque, indissociablement.

Florence Giorgetti nous écrit un livre où elle compile ses lettres à sa costumière, à l’éclairagiste, au metteur en scène jusqu’à cette bien belle définition de son art,  à monter en lettres d’or sur la façade la nuit du Palais des Papes en Avignon : « Nous ferons survivre le seul art lent, qui meurt à chaque coup : le théâtre est vraiment cet endroit où l’on travaille à tout perdre et à regagner, alors à demain ». Du Vilar ! Littérairement, c’est un journal de voyage: s’ensuit la rencontre avec PB, à Tanger. Ultimo giorno !  Relire ensuite tout Jane et Paul.
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