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Citation de kikiberard22


Au temps de mon enfance, les voyages ne présentaient aucune des facilités qui leur sont offertes aujourd'hui, où n'importe qui peut faire le tour du monde pour quelques billets. Ne voyageaient alors que ceux qui se sentaient appelés ailleurs par une force irrésistible.
On avait beau les retenir dans leur patrie, dans leur famille, par le moyen de toutes les séductions possibles, un matin, sans crier gare, ils bouclaient leur valises et filaient par une porte dérobée. On avait plus de leurs nouvelles avant quatre ou cinq mois, par quelque lettre timbrée de Port-Saïd ou de Rio de Janeiro.
Ai-je besoin de dire qu'ils jouissaient dans leur famille d'une réputation très mauvaise ?
On n'y pouvait, en effet, attribuer qu'à un dérangement d'esprit tout à fait anormal, cette manie si bizarre et si inconfortable.
Ai-je besoin de dire que, dans ces mêmes familles, les enfants les adoraient ?
Ils représentaient, à leurs yeux, tout ce qu'il y a d'attachant, de doucement coupable, de mystérieux dans l'aventure.
Dans ma famille, c'est mon oncle qui s'était chargé de ce rôle ingrat et magnifique.
Je ne puis guère donner l'idée de l'admiration qu'il m'inspirait. Elle était immense. Pensez que, pour moi, le fait d'aller jusqu'au fond du jardin représentait une sorte d'expédition, et que cet homme surprenant avait traversé la mer rouge et qu'il se promenait en Syrie comme dans les allées d'un parc public.
Il y avait là un tel contraste, que je n'étais pas loin de considérer mon parent comme un être à part, d'une espèce radicalement différente de celles des voisins et des amis, ces pauvres sédentaires affairés et bavards.
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