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Citation de Danieljean


Mais il ne put dormir, se retournant sans cesse, songeant à tant de choses.

Il pensa :

Rien n’est plus beau que l’amour,
rien n’est plus doux,
rien n’est plus fort,
rien ne s’élance plus loin.
Non pas l’amour de tous les hommes,
mais celui des compagnons d’aventure ;
l’amour né dans les bois et dans les camps de travail de ce siècle
l’amour rend immortel
l’amour délivre
l’amour efface toute pensée particulière
l’amour me fait oublier jusqu’au nom de ma naissance
l’amour est pur
l’amour gorge les yeux de larmes
l’amour est ma patrie
l’amour brille dans la nuit.
l’amour me fait haïr mes ennemis et imaginer des tortures.
L’amour est partial
l’amour est un chant de guerre
l’amour oppresse la poitrine
l’amour se moque de la mort.
D’où me viennent mes pensées,
si ce n’est de tous…
que suis-je d’autre que mes pensées ?

Ma vie ne fut qu’un seul amour :
lorsque je m’interroge,
hors de lui je ne m’imagine pas.
Jadis j’ai galopé sur les plaines de l’Orient ;
demain où planterai-je ma tente ?
Quelles villes seront bâties par mes compagnons…
Je ne les abandonnerai pas dans leur marche,
durerait-elle mille ans.

J’ai retrouvé mon frère Abd Allah.
Comme ses joues sont belles et son corps chargé d’odeurs.
Combien nos corps sont semblables.
Nous n’avons pas besoin des mots pour savoir toutes choses.
Me voici de retour après une longue absence.

Nous avons planté nos tentes aux portes de l’Europe.
Nous la convoitons et nous la méprisons.
Nous lui donnerons l’assaut.
Nous n’avons que faire de l’Art, des demeures luxueuses et des dieux !
L’amour nous tient lieu de tout et nous l’emportons dans nos bagages.
L’amour est pareil aux danses autour d’un feu.

Mon cœur n’a été souillé par rien.
Les êtres étrangers à ma patrie
je les ai méprisés et détestés.
J’ai haï les villes.
Nous briserons vos dieux
avec des incantations nouvelles !
Et vos citadelles par la magie et les danses.

J’ai retrouvé mon cœur et mon immortalité.
Ma patrie éternelle m’a envoyé un ambassadeur :
Abd Allah je sais d’où tu viens ;
tu es beau lorsque tu parais au soleil levant.
Je n’ai d’autres dieux que mon frère Abd Allah.

Si je ne chantais pas je mourrais.
J’ai regagné ma patrie, voici le compagnon des années anciennes.
Je sais où sont mes frères et mes ennemis.
J’ai le secret de ne pas mourir.
Je n’oublierai jamais ce que je sais
car je deviendrais comme un cadavre.

J’ai été comblé au-delà de mes désirs.

– Mon cœur, pourquoi pleures-tu ces larmes brûlantes ?
– C’est de joie !
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