Un vent poisseux s’était levé, soulevant des tourbillons de poussière qui roulaient sur la route solitaire, ivres et voraces. Gonflé de noires menaces, le ciel broyait un horizon charbonneux. Sous les nuages enténébrés filtrait une lumière de plomb qui donnait aux silhouettes, aux tentes, aux montagnes, à tout ce qui peuplait la steppe immense, un relief aigu. Brillant d’un éclat incisif, les ruisseaux innervaient l’âpre plateau de filets de mercure fondu. Les chevaux blancs épars dans la plaine semblaient de puissantes statues d’airain qui attendaient fébriles, que le ciel s’ouvre sur une pluie opaque.