MORITZ : –Mais est-ce encore de la jouissance, Melchior ?– La fille, Melchior, jouit comme les dieux bienheureux. La fille se défend conformément à sa nature. Elle se garde libre de toute amertume jusqu'au dernier moment, pour d'un coup voir le ciel entier lui fondre dessus. La fille est encore dans ses craintes de l'enfer que déjà elle accueille le paradis en fleurs. Sa sensibilité est fraîche comme l’eau qui jaillit de la roche. La fille saisit une coupe visitée de nul souffle terrestre, un calice de nectar, brûlant de baisers, qu’elle vide jusqu'à la dernière goutte… L'assouvissement que connaît l'homme à côté, je le pense fade, insipide.
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