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Critiques de Franz Lamberty (1)
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Doria Nature

L’auteure offre au lecteur un beau voyage dans la nature. Elle nous donne une leçon de sagesse, vivre à fond durant notre vie sur terre, et surtout croire en ses rêves.



En 1994, Doria, 15 ans, était prisonnière derrière la fenêtre de sa chambre d’hôpital. Elle y sera prisonnière pour toujours, car elle était condamnée, condamnée à mourir. Doria était atteinte d’une tumeur au cerveau. Cette attente était insoutenable, interminable, depuis qu’elle savait. ‘’ Elle était morte de trouille avant de l’être corps et âmes...’’

Comment envisager sa vie après la mort ? Belle, ‘’ressemblant à une nouvelle vie  ‘’ ? Et pour donner un sens à celle-ci, elle se l’imaginait magique et ensorcelée. Du moins, c’était ce qu’elle espérait, afin de ne pas sombrer dans la peur.

La maladie la paralysa de suite, mais elle s’était efforcée de garder la force d’écrire. A l’heure où le lecteur la lira, elle sera déjà morte, mais elle flottera quelque part autour de lui.

Dans son récit, sous forme de journal, Doria y décrit sa vie à l’orphelinat des ‘’Neiges Bleues’’. Elle y était heureuse avec ses camarades et les religieuses, qui furent sa famille. Depuis l’annonce de cette saleté de maladie, elle devait accepter la triste réalité, ce qui n’était pas facile pour une ado de 15 ans. Elle avait des moments très difficiles, qui la rendaient agressives. Puis, des moments où elle pensait à la vie merveilleuse dans l’au-delà. Puis quelques minutes après, elle délirait furieusement sur cette mort qu’elle allait affronter. Écrire à ses futurs lecteurs lui faisait du bien. C’était son exutoire. Ceux-ci devinrent ses confidents.



Doria était surnommée ‘’petite étincelle’’ à cause de ses longs cheveux blonds. Elle habitait à l’orphelinat, à Malmedy dans les hautes Ardennes belges. ‘’Pauvre petite fille malchanceuse ou mal née’’. Elle ne s’en plaignait pas. Elle pensait qu’il y avait pire qu’elle, comme ces enfants sans abri, malades, vivants dans des conditions inhumaines. Balancée de foyers en foyers, elle arriva à l’orphelinat de Malmedy à l’âge de 9 ans. Celui-ci avait été un miracle et une nouvelle vie, pour Doria. Ce fut dans cet orphelinat, où elle fit connaissance de la nature intacte et sauvage, qui allait devenir sa seule raison de vivre. Lorsque les sœurs lui donnèrent la charge d’arroser les plantations, ce fut un pur bonheur. Elle fut, alors, attirée, aussi vers l’extérieur. Était-ce la même nature, la même chose, la même vie ?

Elle eut l’occasion d’y aller avec l’aide de sœur Berthe. Celle-ci l’emmena, un jour, voir l’extérieur, dans le plus grand secret. Ce fut une sacrée expérience. Toute deux traversèrent des bois magnifiques. Le temps passa vite, trop vite. Il fallut rentrer sans se faire voir. Elle avait passé un après-midi formidable avec sœur Berthe. Ce fut tellement formidable que trois jours plus tard, toutes deux refirent une sortie. Doria était heureuse. Elle se sentait pousser des ailes parmi cette nature enchanteresse. Mais cette deuxième sortie ne passa inaperçue. Sœur Berthe fut convoquée. Leurs sorties furent terminées. Sœur Berthe lui avait fait connaître le chemin de la liberté.

Doria y alla, désormais, seule. Soeur Berthe restera complice de ses évasions. Cela devint vital pour Doia. Elle partait une heure, puis deux. Plus elle avançait, plus elle découvrait la nature avec ses forêts, ses ruisseaux. Elle eut envie de l’étudier plus longuement. Mais, elle découvrit, aussi, la pollution qui la détruisait, ainsi que les crimes monstrueux des hommes qui anéantissaient la nature, comme ces immenses barrages de béton. Cela la mettait en colère. Ses escapades furent de plus en plus longues. Elle découvrit une autre nature, les insectes, le vent frais du soir, les petites cris d’animaux bizarres et le plaisir de marcher pieds nus dans de petits ruisseaux clairs. Elle était devenue une exploratrice d’archéologie. Ni vue ni connue, ‘’la petite étincelle’’ rentra à l’orphelinat, au moment où tous allaient se coucher. Elle avait hâte de repartir en expédition le lendemain. Ses yeux filmaient, sa mémoire enregistrait pour l’éternité. Il lui arriva de nager dans la rivière et d’y explorer le fond. Elle connaissait les chemins par cœur, mais elle avançait toujours de plus en plus. Elle avait pour objectif, de trouver la source de sa rivière. Elle s’extasiait devant cette merveilleuse nature, même si elle était souvent déçue de voir qu’une carrière dénaturait toute la vallée. Ce qui la rassurait, c’était que cette nature était persévérante. En effet, elle réapparaissait par-dessus, ou entre des détritus. La rivière arrivait quand même à passer à travers ce triste paysage. Impuissante face à ce triste paysage, Doria ne sortit plus durant plusieurs jours.

Juste avant la reprise de l’école, elle décida de partir à l’aube. Le jour commençait à pointer, et la forêt était magnifique. Il faisait sombre et lumineux à la fois. La nature était différente mais belle. Elle découvrait ce qu’elle avait tant voulu voir, le paradis terrestre. Elle fut en extase devant un précipice, une cascade, les couleurs vivres de l’herbe, ainsi que ce silence. Le spectacle était à la hauteur de ses espérances. Quand elle rentra à l’orphelinat à 14 heures, elle fut convoquée, et punie. Peu importe son désir d’évasion était comblé.

Pour Doria, cette nature ressemblait à la vie de l’homme. Certaine nature avait une vie calme et heureuse, et d’autre connaissait la destruction et l’enlaidissement par des usines, des barrages, des rivières polluées, empoisonnées, comme l’humain avec le cancer, le sida et autres… Mais, elle ne disparaissait jamais, par rapport à l’humain malade. Elle renaissait autrement. Doria garda cet espoir pour elle. Après qu’elle aura succombé à cette maladie, elle se retrouvera, peut-être dans une autre vie, un autre monde. Qui sait ? Elle aimerait se réincarner en petite rivière.

Même quand elle revenait déçue, son envie d’évasion resurgissait. Un jour, elle s’éloigna beaucoup plus de l’orphelinat. Elle se perdit dans la forêt. La peur la prit de ne pouvoir rentrer. Elle arriva près d’une ferme et se coucha dans la grange. Au matin, elle se retrouva dans une chambre. Une petite fille de son âge, Ludivine, lui apporta le petit-déjeuner. Elle prit peur et s’enfuit. Elle courut dans la forêt, à travers cette nature qu’elle connaissait bien. Elle entendit qu’on la suivait, qu’on l’appelait. Elle vit que c’était Ludivine. Celle-ci lui expliqua qu’elle voulait l’emmener dans les Alpes. Doria lui avait parlée de son rêve. Elles partirent, donc, ensemble.

Avec Doria, Ludivine regarda la nature, comme elle ne l’avait jamais vue, avec des yeux différents. Elles traversèrent des villages et évitèrent les grandes routes. Ludivine l’emmena, en pleine nuit, dans une entreprise de transport. Son oncle était chauffeur routier, il allait souvent de France en Italie. Elles montèrent dans la remorque ouverte du camion de son oncle. Soudain, le camion démarra. Ça y était, elles partaient dans les Alpes. Doria fut terrorisée, mais elle allait vers son rêve. Quand le camion s’arrêta, l’oncle de Ludivine fut sous le choc en trouvant deux clandestines. Ludivine s’expliqua. Après réflexion, l’oncle repartit avec les deux fillettes à côté de lui, dans sa cabine. Le paysage était merveilleux. Les forêts étaient majestueuses. Doria se sentit toute petite face à ses gigantesques montagnes. Elle découvrait, aussi, la neige, tellement blanche, tellement belle. La nature l’écrasait. Le Mont-Blanc apparut sous les yeux émerveillés des fillettes. ‘’Elles étaient assoiffées par la découverte de ce magnifique paysage’’. L’oncle arriva au pied du tunnel qui allait en Italie. Il ne pouvait emmener Doria. Le voyage s’arrêtait là, pour elle.

Doria savait qu’au retour à l’orphelinat, elle allait être punie, très punie. Elle n’aurait plus jamais le droit de sortir. Doria se retrouva seule, mais elle avait atteint son but, son rêve. Elle s’approcha jusqu’au pied du Mont-Blanc. Elle toucha la neige et s’assit sur la glace. Cela faisait trois jours qu’elle avait quitté l’orphelinat. Elle devait, désormais, rentrer. Elle se dirigea directement vers un commissariat, et raconta sa fugue. Une voiture banalisée la raccompagna à Malmedy, en Belgique, à l’orphelinat. Le retour de l’enfant prodigue fit pleurer les sœurs et ses camarades. Sœur Berthe lui en voulut. A cette période, il y avait beaucoup de disparitions d’enfants. Doria avait fait la une des journaux. Elle n’avait que dix ans, à cette époque.

L’année d’après, Doria se calma et se consacra à ses études. Elle avait repris une vie normale. Ce voyage l’avait fait grandir, même si elle mourait d’envie de repartir, mais elle eut peur d’être exclue de l’orphelinat. Elle se prit, alors, de passion pour la peinture. Elle avait douze ans. Elle représentait merveilleusement bien la nature. Ses dessins surprirent ses professeurs.

Son envie de revoir la nature la reprit. Cette fois, elle prépara mieux son voyage. Elle prit le train. Elle savoura, à nouveau, son retour dans les Alpes. Elle appela sœur Berthe, qui fut furieuse, mais Doria réussit à la rassurer. Elle fit le vide dans sa tête, et vola dans le ciel. Elle était libre comme le vent. Alors qu’elle marchait en bordure de route, une voiture s’arrêta. A sa grande surprise, Doria vit sœur Berthe en descendre. Elle n’avait pas l’air fâchée. Doria l’emmena dans la neige, afin de lui faire savourer cette vue magnifique, qu’elle était fière de lui montrer. Elles rentrèrent à l’orphelinat tard le soir. Ce fut la dernière escapade de Doria.



Quelques mois après, Doria tomba malade. Son cancer fut diagnostiqué. Elle apprit qu’elle allait mourir. Elle sut, alors, que ses magnifiques escapades n’étaient qu’une étape. Elle allait faire bientôt, la plus belle des promenades. Elle vivait dans l’espoir qu’elle serait encore plus belle et plus magnifique.

Elle avait un rêve, ‘’celui d’un monde où l’âme des hommes et celle de la nature vivraient en parfaite harmonie, où elles se rejoindraient...’’ Le monde serait heureux. Les hommes respecteraient la nature.

Cette tumeur au cerveau l’avait-elle rendu folle, au point de s’imaginer une nature parfaite et merveilleuse. Elle voulait, encore, croire qu’elle avait réellement voyagé et découvert cette nature magnifique. Mais, ses rêves avaient-ils dépassé la réalité ?

Avis au lecteur, bien lire jusqu’à la dernière ligne, car Doria pourrait peut-être le surprendre. J’ai été agréablement surprise et émerveillée par ce petit roman. J’avais peur qu’il soit lugubre, était donné que la très jeune héroïne allait mourir d’un cancer. J’ai trouvé ce petit roman beau, magique, très frais avec une fin pleine d’espoir.

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