Frédéric Cossutta

Ce "Que sais-je ?" s'intéresse surtout au scepticisme ancien. Pyrrhon, un philosophe grec né vers 365 avant J.-C., est le fondateur d'une école sceptique. Il n'a rien écrit et sa vie est assez peu connue. Il suivit le philosophe Anaxarque dont il était l'élève lors de l'expédition d'Alexandre en Orient. En Inde il rencontre des "gymnosophistes", ascètes appartenant au brahmanisme ou au jaïnisme et il semble que Pyrrhon ait été marqué par leur détachement. Au scepticisme ne correspond pas un corps de doctrine mais plutôt une attitude. Deux aspects le caractérisent : la suspension du jugement - rien ne peut être affirmé ou nié avec certitude - et l'ataraxie, ou "absence de troubles", une incertitude lucide qui débouche sur un état de quiétude. La nouvelle académie reprend ensuite des éléments du scepticisme en le nuançant cependant au contact des stoïciens. Les médecins "empiristes" jouèrent également un rôle important dans l'histoire du scepticisme, et de la science. Sextus Empiricus, philosophe et médecin, perpétua, au IIème siècle après J.-C., l'héritage de Pyrrhon et inspira, notamment à l'époque de la renaissance, de nombreux auteurs. Le scepticisme a pu aussi être rejeté avec violence. S'il ruine l'édification de tout système, le doute sceptique ne débouche pas cependant sur une attitude nihiliste et sa finalité reste la vie heureuse.