Collés à nos écrans qui diffusent successivement et en boucle, des images de morts et de commémorations, de corps étendus sur un parterre voué à être sanctuarisé au moyen de fleurs et de bougies, nous subissons l'influence du soft power islamiste. Nous nous sommes indignés du massacre de Charlie Hebdo, nous avons proclamé l'impérieuse nécessité de maintenir intacts la liberté d'expression, l'esprit critique, la liberté de caricaturer, mais nous avons cependant reculé sur tous ces terrains. Nous avons modéré notre esprit critique par volonté de ne pas offenser les musulmans. Bref, si le terrorisme est incapable de faire vaciller nos institutions, il affaiblit notre psychologie, ce que nous appelons "nos valeurs", il influence nos moeurs, notre liberté de penser, notre liberté d'expression. Et donc, il atteint son objectif : il nous use.
A chaque expression du soft power islamique, l'Occident, qui y voit une expression de la foi, dit amen. Ainsi se développe peu à peu l'impuissance occidentale. Interdites de contraindre la foi des croyants, sauf pour les cas avérés de sécurité, de trouble à l'ordre public, les démocraties libérales occidentales prêtent le meilleur concours à l'islamisation culturelle de leurs territoires. L'unique arme de la France, le principe de laïcité, est impuissante dans ce cadre, car, à défaut d'influence politique avérée, de trouble à l'ordre public, elle ne s'applique pas. Le soft power étant de nature culturelle, et s'adressant à la société civile et non à l'Etat, passe au travers des mailles du filet.
Le choc civilisationnel entre Islam et Occident n'est pas le fait d'une poignée d'islamistes fanatiques, il est le fait d'une majorité de musulmans en rupture culturelle progressive avec le mode de vie français. La barrière n'étant pas l'islam en tant que religion, dont nous rappelons qu'elle est tout à fait compatible avec la démocratie, la République ainsi que la culture française, mais l'Islam en tant que projet culturel alternatif à la tradition culturelle française.
Auparavant, il est nécessaire de nous attarder sur la problématique qui constitue le véritable enjeu de la soft war qui oppose les deux blocs culturels que sont la civilisation islamique et la civilisation occidentale : la féminité.
"Si je devais bientôt mourir, j'aurais aimé savoir comment étaient faites de près, en réalité, les plus jolies jeunes filles que la vie pût offrir..." Il ne s'agit là ni de Samuel Huntington ni de Joseph Nye, mais de Marcel Proust.
L'islam fait écho, par le biais du burkini, à ce dialogue entre Dorine et Tartuffe :
"_ Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de tels objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées.
_ Vous êtes donc bien tendre à la tentation, et la chair sur vos sens fait grande impression ! Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte, mais à vous convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, et vous verrais nu du haut jusques en bas, que toute votre peau ne me tenterait pas."
Il est en quelque sorte possible de dire que la querelle du burkini a été idéologiquement réglée en France lors de la première présentation au roi de France, de la pièce de Molière, le 5 février 1669 !
Dès lors, l'Occident peut-il se permettre de revenir encore et encore aux mêmes questionnements sous prétexte d'intégration ?
Qu'est-il permis de préserver et de modifier dans le socle culturel d'une nation sans que le sentiment d'unité soit amoindri, voire détruit ?