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Citation de Paroledunelivrophage


— Je veux que tu te mettes à genoux, le coupai-je brusquement.
Surpris, Nick ouvrit la bouche et recula d’un pas en battant des cils. Demander à un loup dominant, un Alpha de surcroît, de plier le genou, c’était comme demander à une maman oiseau de bouffer son petit. Impossible. Ils étaient bien trop fiers pour ça, et surtout, cela représentait un acte de soumission, ce qu’un Alpha ne pouvait supporter. Mais nous étions entre nous, et il n’y avait personne pour le juger ou le montrer du doigt. D’autant que je ne lui demandais pas de se soumettre à moi. Si je voulais qu’il se mette à terre, c’était pour l’aspect pratique. Mais allait-il le comprendre ?
Les traits de son visage devenant soudainement plus durs, Nick serra les poings et la mâchoire. Les yeux de son loup remplacèrent l’espace d’un instant les siens. Red n’était pas content.
— Je sais que je t’ai blessée Poppy, grogna-t-il fermement, mais je ne peux pas te supplier à genoux de me pardonner.
J’arquai un sourcil et croisai mes bras contre ma poitrine en soutenant son regard furibond.
— Même si l’envie de te voir me supplier à genoux me tente vachement, raillai-je, ce n’est pas pour ça que je te demande de le faire, ni pour te dominer. Je veux que tu te mettes à genoux, maintenant, tout de suite, juste parce que tu m’aimes et parce que je te le demande. Tu peux faire ça sans réfléchir au fait que tu es un Alpha, ou même un loup ?
Il releva le menton.
— Evans…
— Teller, répliquai-je sur le même ton. Arrête de trop réfléchir, nous sommes seuls et le jeu en vaut la chandelle, je te l’assure.
Fermant les yeux une seconde, le grand roux sembla peser le pour et le contre. Ses muscles se raidirent sous ses vêtements tant il était tendu. Puis il souleva les cils et m’adressa un regard presque mauvais.
— Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi Evans, maugréa-t-il en posant lentement un genou, un seul, à terre.
J’acquiesçai, satisfaite. Nous nous trouvions à plusieurs mètres l’un de l’autre, il n’avait presque pas avancé des baies vitrées alors que je me trouvais appuyée contre la porte. J’avançai donc lentement vers lui et, à mi-chemin, lui demandai une nouvelle chose.
— Ferme les yeux.
Il gronda de nouveau.
— Pourquoi ?
— Tu le découvriras si tu obéis, Red. Et arrête de marmonner, on dirait Al.
Abaissant les paupières, le loup-garou pinça les lèvres et retint difficilement un bruit sourd et animal tout droit venu de sa poitrine. Sachant qu’il ne regardait plus, je laissai tomber la veste ample que j’avais sur les épaules, et retirai par la suite le tee-shirt que m’avait prêté Ryan. La fraîcheur de la pièce caressa ma peau dénudée, mon ventre arrondi se couvrit de frissons. Je me mordis la lèvre inférieure pour m’empêcher de rire devant l’expression crispée du lycan à genoux, et m’approchai de lui.
— Je peux ouvrir les yeux maintenant ? s’agaça-t-il quand il sentit que je fus assez près de lui pour le toucher.
Je secouai la tête.
— Non, pas encore, à la place…
Posant une main sur sa joue, où une légère barbe de trois jours qui n’avait pas été rasée commençait à apparaître, je guidai son visage vers mon ventre, et lui collai le nez dessus doucement.
— Je veux que tu inspires profondément, repris-je, et que tu me dises ce que tu sentes.
C’était ainsi que Dovie avait pu comprendre que j’étais enceinte, en posant ses narines sur mon corps, et en inspirant un grand coup. Avec un peu de chance, Nick sentirait les modifications de mon parfum en étant si proche de moi.
Entourant mes hanches de ses grands bras massifs, l’homme aux cheveux cuivrés me rapprocha un peu plus de lui et huma l’odeur de ma peau. Il inspira et expira plusieurs fois, grognant doucement.
— Tu portes plusieurs odeurs sur toi, dit-il, celle de la brune qui travaille avec toi, la panthère. Celle du blondinet que je meurs d’envie d’assassiner.
Je gloussai.
— Une autre plus étrange, semblable à celle que j’avais sentie sur toi à Fergus Falls, et enfin, ton parfum, ronronna-t-il en frottant son nez contre mon ventre. Tu sens le miel. J’aime cette odeur, et…
Soudain, Nick releva la tête, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. J’explosai de rire en le voyant ainsi, c’était comme s’il venait d’être frappé par la foudre. Il resta comme ça plusieurs secondes, l’air complètement sous le choc, si bien que je dus arrêter de rire pour m’assurer qu’il allait bien.
— Qu’est-ce qu’il y a Teller ? pouffai-je en caressant sa joue. Tu as senti quelque chose qui te déplaît ?
Il secoua la tête de gauche à droite, sans pour autant parvenir à prononcer le moindre mot. Nick retourna alors à mon ventre, qu’il continua de sentir pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé. Puis il remarqua son arrondi, et en fut si abasourdi qu’il faillit en tomber à la renverse.
— Tu… tu… Poppy, tu…
— Je t’avais dit que le jeu en valait la chandelle, répliquai-je en caressant doucement la courbe de mon abdomen. Surprise Nick, tu vas être papa.
L’intéressé, sous le choc, se laissa tomber sur les fesses sans me lâcher pour autant. Il me serra au contraire plus fermement contre lui, et m’entraîna dans sa chute, me réceptionnant sur ses cuisses. Je m’y installai à califourchon en souriant, et posai mes mains sur ses épaules en plongeant mon regard dans le sien. Nick avait la gorge serrée et le visage si raide que j’eus un instant peur que la nouvelle ne lui fasse pas plaisir. Mais dès que je vis les larmes qu’il retenait dans ses yeux brumeux, et que je sentis son bonheur immense à travers notre lien, je sus que j’avais tort. Il était heureux, tant et si bien d’ailleurs qu’il ne savait pas trop quoi faire ni quoi dire.
Je décidai de l’aider un peu.
— Je suis sûre que tu feras un père formidable pour ce bébé, lui soufflai-je, et tu verras, tout va s’arranger, je te le promets.
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