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Citation de VincentGloeckler


Le jour où Tristan doit venir chercher Louvette pour l’initier à Marx et la sensibiliser aux luttes du prolétariat international, sa voiture est tombée en panne. Il lui téléphone : tu n’as qu’à prendre le bus. Le quoi ? répond Louvette amusée. Elle ne l’a jamais pris, n’a jamais été autorisée à le faire. Il se moque d’elle, de ses slogans poétiques et de sa rébellion de pacotille. Il lui dicte des instructions bien précises pour trouver l’arrêt, et la prie de mettre un pantalon large, un tee-shirt long, des chaussures de sport, de ne porter aucun bijou ni écouteurs, ni lunettes de soleil, d’attacher ses cheveux, de prendre un sac à dos léger avec fermeture éclair, de tenter d’avoir l’air sereine, de ne pas se laisser distraire par quoi que ce soit, de ne pas s’asseoir au fond, de ne pas prendre trop d’argent, de ne rien acheter à manger, surtout pas de fruits frais (ce serait bête d’attraper le choléra), d’éviter la fenêtre, de ne pas sourire, de ne regarder aucun homme dans les yeux, de ne pas se mêler des bagarres entre passagers et de ne parler à personne. Ainsi tout devrait bien se passer, il viendra la chercher à l’arrêt de bus dans une heure. Et si on me tue, demande bêtement Louvette. On ne va pas te tuer, dit-il d’un ton sérieux, des milliers de personnes prennent le bus chaque jour dans cette ville. Si on te tue, on t’enterrera : Ci-gît Louvette, qui n’a pas eu de chance la seule fois où elle a pris l’autobus. Il ajoute : qu’elle se dépêche, le prolétariat international l’attend.
(pp.201-202)
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