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Citation de Toocha


J'ai souvent entendu l'argument "Ça y est, elles l'ont, la parole." Comme si, parce que nous commencions à parler, le problème était résolu. Ce discours est malhonnête. Tout d'abord, même lorsque la parole est prise, nous sommes confrontées à des crispations, à de la violence symbolique et des critiques. Aussi, il est encore terriblement complexe de parler dans un système qui nous enjoint de nous taire. La parole n'est pas miraculeusement libérée. C'est le principe d'une injonction : imposer certaines normes, comportements, à un groupe de personnes, et tout ce qui en sort sera sanctionné socialement. Tant est si bien que le respect de cette norme sur un temps long va venir naturaliser les comportements collectifs. En se conformant à la résilience et aux sacrifices attendus de nous, nous finissons collectivement par croire que ces qualités sont "naturelles", "biologiques". Nous finissons par naturaliser le social. Nous serions par nature résilientes, par nature capables de tout endurer. Non. Si nous sommes silencieuses, ce n'est pas par choix, par instinct, mais par conformisme. Nous nous conformons, parce que parler, c'est transgresser et qu'il est coûteux de transgresser.
C'est coûteux mais je crois que ça en vaut la peine. Posons-nous la question : à qui profite le crime ? Lorsque nous portons ces silences, demandons-nous qui cela arrange. Nous ? Sûrement pas, la souffrance se paie, peu importe à quel point nous sommes résilientes ou capables de serrer les dents. Qui cela arrange-t-il ? Nos enfants ? Non plus. Quoi de plus délétère qu'une mère cocotte-minute, malheureuse, peu épanouie, non alignée sur ses émotions. Nos souffrances profitent à l'ordre établi et à alimenter les mythologies créées pour nous aliéner.
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