Gautier de Coste de La Calprenède

C’est la première pièce de La Calprenède, jouée pendant la saison 1635-1636, publiée en 1636. Les sources se trouvent dans Appien d’Alexandrie et Plutarque et Florus, mais La Calprenède s’en inspire très librement, n’hésitant pas à modifier les faits.



La Calprenède a manifestement souhaité écrire une tragédie régulière, de respecter les règles, de se rapprocher de La Sophonisbe de Mairet, donnée peu de temps auparavant avec un grand succès et qui devenait un modèle prestigieux.



Mais étrangement la pièce se rapproche des anciennes tragédies humanistes. Peu d’action, pas de retournements de situation, tout est joué d’entrée. Il n’y pas non plus de brillants échanges entre les protagonistes qui développent des points de vue antagonistes. Pas de doutes ni d’hésitations chez les perdants comme chez le traître qui à aucun moment ne remet en question son choix. Juste une sorte de préparation de la mort finale, une longue déploration, une sorte d’élégie, presque paisible de la part de ceux qui vont mourir.



Nous sommes à Sinope. Mithridate est enfermé dans la ville avec sa famille, les Romains secondés par son fils Pharnace encerclent la ville, s’apprêtant à donner l’assaut final. Mithridate, sa femme et ses deux filles se préparent à la défaite, échangeant des déclarations d’affection mutuelles. La femme de Pharnace, Bérénice se joint à eux, elle choisit son camps contre son mari. Pharnce s’inquiète pour sa femme, il a peur que Mithridate ne se venge sur elle de sa trahison. Mithridate tente une dernière sortie qui échoue. Bérénice tente de convaincre Pharnace de combattre pour son père, ce que ce dernier refuse. Mithridate, supplié par tous les siens tente aussi en vain la même démarche. La famille entière, y compris Bérénice, se suicide, juste avant l’entrée des Romains.



C’est assez épuré, la langue a un côté simple et assez expressif, nous sommes dans le contraire de la surcharge et de la fioriture, aussi bien du côté de la construction que du langage. Cela a une certaine grandeur sobre. Vraiment intéressant.

Cette pièce a été jouée probablement en 1637, elle est restée au répertoire de l’hôtel de Bourgogne une dizaine d’années et a été plusieurs fois publiée au XVIIe siècle. Elle traite un sujet assez original dans la production dramatique française de l’époque, qui est l’histoire récente anglaise : l’exécution en 1601 du comte d’Essex qui avait comploté contre la reine d’Angleterre, Elisabeth.



La reine accuse Essex de complot, il refuse de se défendre, la prenant de haut. Après son départ, la reine, bien que partagée entre son amour pour lui et la conviction qu’il a comploté, ordonne de le faire arrêter. En prison, elle le fait visiter par Mme Cécile, or cette dernière est la maîtresse du comte, qui considère avoir été trahie, alors qu’il proteste de son amour. Le comte est jugée coupable par la cour, il n’a pas vraiment voulu donner des éléments pouvant lui permettre de se disculper. Il compte sur une bague qui lui a donné la reine, lui promettant de répondre à toute demande qu’il lui ferait avec cette bague. La reine attend en fait cette demande de grâce. Essex donne la bague à Mme Cécile en lui demandant de la transmettre à la reine. Mais cette dernière ne le fait pas pour exercer sa vengeance. Le comte est exécuté. Mme Cécile se meurt, et confesse la chose à la reine, qui est désespérée.



La pièce est assez statique, les personnages n’évoluent pas vraiment, Essex en particulier est tout d’un bloc. On ne comprend pas vraiment très bien ce qui s’est passé, ce qu’a vraiment fait Essex, ce qu’on lui reproche exactement et sur quelles preuves ont se fonde pour l’accuser. La pièce chemine d’une façon assez linéaire vers la fin tragique prévue.



Ce côté linéaire, ces personnages d’un bloc, vont mieux à mon sens à une tragédie à l’antique comme Mithridate, où les personnages, loin dans le temps et dans l’espace, sont plus des archétypes que des vraies personnes.

Une des plus célèbres œuvres de Coste de la Calprenède, gentilhomme sorti de Salignac en Périgord noir et auteur de théâtre au XVIIe.

Faramond est avec Cassandre un des ouvrages les plus connus de l'écrivain sarladais du XVIIeme siècle, Coste de la Calprenède. Cette famille a possédé le manoir d'Eyrignac aux jardins célèbres.