Geneviève Gennari "Ce monde où je vis"
Interview de
Geneviève GENNARI à propos de son livre "Ce monde où je vis". L'auteur évoque les thèmes de son oeuvre, en particulier la recherche de la transcendance. Elle se déclare sensible à la souffrance animale et refuse le culte du progrès matériel qui touche même l'église
catholique.
.... Et puis.... Mais C'est vrai : la vie continue,la vie recommence! Cela aussi est drôle : quel que soit le choix qu'on fait ,il se traduit toujours par une série de petits actes par une somme de petites choses.La vie est une toute petite chose.Il n'y a finalement que la mort qui soit pure grandeur,irréversible vérité.
Après tout,appartenir à une génération déclinante à une classe condamnée, à un pays menacé, c'est peut-être une manière comme une autre--un peu plus rapide simplement -de s'acheminer, avec toute l'humanité ,vers la seule fin nécessaire.
Naturellement,il n'a pas téléphoné. De nouveau en pleine aliénation virginale,je suis restée des heures près de l'appareil.Quand je suis allée chez le coiffeur,le samedi matin-et je savais bien que tout était fini-J'ai recommandé à Mme Bouquet de guetter la sonnerie du téléphone. Cela aura été mon dernier accès :l'apres-midi,J'avais enfin renoncé. J'etais contente de préparer le thé. Rappelle-toi, me disais-je en parlant tout haut comme j'en ai pris l'habitude depuis quelque temps rappelle-toi :une femme seule est la proie de ses rêves, la victime de ses nerfs--l'oeil ouvert aux mirages,l'oreille sensible aux soupirs des fantômes....Rappelle-toi que l'amour dans la vie d'une femme de ton âge est un miracle,et non plus un dû....Un hasard ,un caprice de l'automne et non plus un fruit naturel de la saison rappelle-toi!
C'est au moment où je me suis assise devant le poste de radio,et où J'ai posé le plateau du dîner sur mes genoux,que ,pour la première fois,que J'ai eu peur.
J'avais pourtant vécu le pire.Les gens se trompent quand ils prétendent que le premier choc d'une douleur est émoussé par sa violence,et que l'on ne commence à souffrir que plus tard.Les gens se trompent souvent : que de proverbes seraient à rajeunir, de prétendues sagesses à vérifier !À l'instant même où J'ai appris la mort de Joseph,J'ai mesuré mon malheur tout entier.Cela n'a duré que quelques secondes,heureusement. Davantage eût été intolérable. Quand J'ai repris conscience,je n'étais plus là même. J'étais la veuve de Joseph.Je l'avais compris.