Georges Sioui: La contribution des peuples autochtones à la recherche sur la santé
L’étude des raisons de la présence d’un milieu microbien si fertile dans l’un des deux mondes et, simultanément, de son inexistence dans l’autre, pourrait donner lieu à une redécouverte de la structure saine des sociétés humaines conformément aux lois de la nature ainsi que des causes (et des conséquences) de leur désorganisation lorsqu’elles oublient ces mêmes lois.
Aux yeux des Amérindiens, le sacrifice humain n’a pas le caractère de divertissement social qu’il avait pour les Grecs et les Romains, chez qui les puissants s’offraient des spectacles de tuerie pour agrémenter leurs repas et leurs festivités. Il représente encore moins un acte punitif à caractère religieux ou politique.
La théorie patriarcale de l’évolution, toute raffinée et intellectualiste qu’elle soit, n’est, selon la pensée gynocentriste amérindienne, qu’une apologie du racisme, du sexisme et de ce que nous nommons « androcentrisme » et définissons comme une conception erronée de la nature qui fait de l’homme le centre de la création et qui nie aux êtres non humains (voire non masculins) leur spiritualité propre et leur importance égale dans le plan et l’équilibre de la vie.
Conscient des rapports sacrés qu’il doit aider, en tant qu’humain, à maintenir entre tous les êtres , l’homme du Nouveau Monde se dicte une philosophie grâce à laquelle l’existence et la survie des autres êtres , surtout animaux et végétaux, ne sont pas mis en danger. Il reconnaît et observe les lois et ne réduit pas la liberté des autres créatures. Il assure ainsi la protection de son bien le plus précieux, c’est-à-dire sa propre liberté.
Chaque humain possède en lui une vision sacrée, c’est-à-dire un pouvoir unique qu’il doit découvrir au cours de sa vie, dans le but d’actualiser la vision du Grand Esprit dont il est une expression. Chaque homme, chaque femme trouve donc sa signification personnelle dans sa relation unique avec le Grand Pouvoir de l’univers. Il n’y a pas de place pour un système de pensée organisé auquel l’individu doit se subordonner, telles que le sont les religions ou les idéologies politiques au services d’intérêts humains et matériels.
Une toute petite citation qui étaye ma critique. Elle est du chef amérindien Seattle de la nation Squamish qui parlait en 1855 : Tout ce qui arrive à la terre arrive aux enfants de la terre (...) Toutes les choses sont reliées entre elles, comme par le sang qui unit une famille. Continuez à contaminer l'endroit où vous dormez et vous suffoquerez un jour dans vos propres détritus.
Le cannibalisme, qui aurait été pratiqué par les sociétés « primitives », est un produit de la pensée raciste des sociétés dites civilisées.
Ce sont les maladies épidémiques apportées par les nouveaux venus qui ont déterminé l’ « apocalypse américaine ».