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Citation de nadejda


Le monde de Tolstoï n’était pas disloqué ; il était vicieux, mais corrigible, parce que le royaume de Dieu était en chacun. Soljénitsyne, Vassili Grossman, Varlam Chalamov – si différents qu’ils soient – sont devenus incapables de repenser le monde à la manière de Tolstoï : un monde Un. Les « actions petites », le volontarisme à l’échelle individuelle, voilà l’unique solution pour Sania Lajénitsyne (dans août 14 de Soljénitsyne) comme pour Ivan Denissovitch. Ici et là, dans le chaos du mal, flamboie une sainte, un saint. Lorsque le héros de Tout passe, de Grossman, chuchote à l’oreille de sa compagne les horreurs cachées du camp, et qu’il se pose la question : « À qui la faute ? », il lui dit : « Il ne faut pas se hâter de répondre », et : « Il n’y a qu’un châtiment pour le bourreau ! Il refuse de voir sa victime comme un être humain et, par le fait même, il cesse lui-même d’être un être humain. Il tue l’homme en lui, il est son propre bourreau. »
La question du bourreau, que posait Dostoïevski dans les Souvenirs de la maison des morts, au fond n’existait pas chez Tolstoï. Elle réapparaît dans la grande levée des voix russes d’après Goulag. Ce n’est plus une problématique éthique, mais existentielle : quelle part de bourreau en moi ? Quelle part de fanatisme menant au bourreau ? L’âme gèle-t-elle totalement, ou non ? Soljénitsyne, Grossman, Chalamov ont chacun leur posture, leur face-à-face avec cette gigantesque vague de cruauté habillée de fanatisme ; chacun est seul devant le mur cyclopéen de la fabrique d’inhumain.
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