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Citation de coco4649


COMMENCEMENTS

ÉCRIT SUR LA MER


Alors, poète, si la rose n’entend pas,
Si le vent et le rossignol n’ont pas d’oreilles,
Si seul au sein des merveilleuses apparences,
Tu n’entends que ton cœur, ne parles qu’à toi-même,
Si le vrai Dieu est trop grand pour ta contenance
Qu’à le nommer déjà tu en fais une idole,
Qu’à le penser tu le peins d’ébène et d’or,
Qu’à le prier tu distends ta propre substance,
Si l’immense innomé, l’indispensable insensible
N’est si près de toi que dans l’absolu silence,
Paradis perdu au verbe de ton essence,
Alors tu n’attends plus rien du jardin des réponses,
Laisse pousser le pavot et le tournesol,
Laisse la parole au perroquet chrysostome
Et les quatre saisons au temps multicolore,
Alors, dresse-toi, poète, et va sur les flots,
Le cœur dans la main et l’amour au vent du large.
Voici que vient vers toi la voix de l’autre rive,
Que déjà se baisent les échos de l’amour,
Que l’inutile rose se fane à l’aurore.
Tandis que s’allument les feux de la conquête,
Tous mirages dehors et pavillons claquants,
Au couteau trace sur l’écorce de la mer
Deux noms entrelacés, et vogue la galère !

p.67-68
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